"Enquête" sur Yvan Delorme
Publié : lun. avr. 18, 2011 11:45 pm
Affaire Delorme: Robert Dutil refuse de parler d'enquête
Denis Lessard
La Presse
(Québec) Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, refuse de parler «d'enquête» sur l'ancien directeur du service de police de Montréal Yvan Delorme,lors du renouvellement de son mandat au printemps 2010.
À l'époque, la Sûreté du Québec a fait des vérifications sur des rumeurs qui circulaient quant aux liens entre M. Delorme et le crime organisé, une vérification qui s'est conclue sans identifier de problème. Le mandat de M. Delorme avait par conséquent été renouvelé pour cinq ans.
En réponse aux questions du député péquiste Stéphane Bergeron et de l'adéquiste Sylvie Roy en commission parlementaire, le ministre Dutil a ainsi minimisé l'importance des vérifications faites dans le dossier Delorme.
Une «habilitation sécuritaire»
L'ancien ministre Jacques Dupuis avait demandé «une habilitation sécuritaire», une vérification préalable à une nomination, une opération de routine, «la Sûreté du Québec en fait 72 000 par année» a soutenu le ministre Dutil. La vérification avait été demandée en décembre 2009, les réponses étaient arrivées en mars 2010, la SQ avait alors donné les conclusions au sous-ministre de la Sécurité publique.
Richard Deschênes, le patron de la SQ a expliqué devant la commission qu'il avait rencontré le sous-ministre Robert Lafrenière, passé depuis à la direction de l'unité permanente contre la corruption, en décembre 2009. «J'ai fait mon travail, mis en place les ressources que je jugeais nécessaire et en mars 2010, j'ai avisé le ministère que je n'avais aucun élément qui me permettait de mettre en garde le ministre concernant ce renouvellement».
«On parle de nomination à faire... il y a des vérifications qui doivent être faites, ce qui est tout à fait normal» a soutenu M. Dutil. «Une enquête est une tout autre question» insiste-t-il, en réponse à la députée Sylvie Roy. «Vérification.. enquête, deux choses différentes, comment être plus clair !» dira M. Dutil impatienté.
«Comment prétendre qu'il s'agit d'une enquête quand il s'agit d'une vérification. On était dans un processus de renouvellement de nomination» dira M. Dutil.
Le ministre Dupuis avait demandé à son sous-ministre de l'époque Robert Lafrenière, de procéder à ces vérifications, ce dernier s'est tourné vers la Sûreté du Québec. C'est cette dernière, et non M. Lafrenière, qui a demandé l'aide de la Gendarmerie Royale plus familière avec les questions touchant la mafia italienne.
M. Delorme avait des liens avec Luigi Coretti, le patron de BCIA, l'agence de sécurité qui avait obtenu sans appel d'offre un mandat de surveillance pour les bureaux du SPVM. L'agence qui avait bénéficié de contrats publics, avait aussi obtenu des fonds publics par le programme des Fiers, administré par Investissement Québec.
Pour le député Bergeron, toute cette affaire comporte des coïncidences étonnantes. Après que La Presse ait révélé les dessous de BCIA, M. Delorme avait annoncé 24 heures plus tard, qu'il prenait sa retraite à 47 ans, quelques semaines après avoir accepté le renouvellement de son mandat. Soixante-douze heures plus tard, le ministre Tony Tomassi quittait son poste -il avait accepté une carte de crédit, pour son essence, payée par BCIA. Quelques jours plus tard, La Presse révélait que Jacques Dupuis était intervenu dans la demande de permis de port d'arme de M. Coretti - la SQ avait refusé sa requête dans un premier temps. Quelques semaines plus tard, M. Dupuis démissionnait. Encore lundi, le premier ministre Charest refusait de clarifier ce dossier, de souligner le député péquiste.
Jacques Dupuis parle d'«enquête»
En matinée, en entrevues, l'ancien ministre Jacques Dupuis avait lui parlé d'enquête. «L'enquête a été transférée à la GRC parce qu'il s'agissait de possibles liens avec des gens peu recommandables de la communauté italienne et la GRC a une expertise là-dedans», avait-il expliqué par exemple à Claude Poirier à LCN.
Il a précisé que c'est lui qui avait «eu vent de ces informations-là, et c'est moi qui ai dit lors d'une rencontre avec M. Lafrenière qu'il fallait les vérifier avant de procéder au renouvellement parce qu'il s'agit de gens peu recommandables», a dit M. Dupuis.
«C'était ma responsabilité de vérifier ces informations-là, je l'ai fait en mon âme et conscience et quand les informations sont revenues en disant qu'il n'y avait pas de contre-recommandations à l'effet qu'on renouvelle M. Delorme, on l'a fait, et ce, sur la recommandation des autorités de la Ville», a-t-il ajouté.
À l'époque M. Dupuis ne connaissait pas Yvan Delorme, ils s'étaient rencontrés, professionnellement à une ou deux reprises a soutenu M. Dutil. C'est par la suite que l'ex-ministre et l'ex-policier se sont liés d'amitié.
Dans un communiqué diffusé dimanche soir, Yvan Delorme avait indiqué comme M. Dutil, que les supposées vérifications faites par la GRC ne constituaient qu'une routine effectuée avant l'arrivée d'un nouveau chef de police ou lors du renouvellement de son mandat.
En commission parlementaire, Mme Roy a aussi relevé que les documents d'appuis aux crédits montraient que trois mois après l'annonce, l'Unité permanente anti corruption n'existait encore que sur papier. Au 31 mars dernier, elle ne comptait qu'un employé, Robert Lafrenière, l'ancien sous-ministre à la Sécurité publique.
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Denis Lessard
La Presse
(Québec) Le ministre de la Sécurité publique, Robert Dutil, refuse de parler «d'enquête» sur l'ancien directeur du service de police de Montréal Yvan Delorme,lors du renouvellement de son mandat au printemps 2010.
À l'époque, la Sûreté du Québec a fait des vérifications sur des rumeurs qui circulaient quant aux liens entre M. Delorme et le crime organisé, une vérification qui s'est conclue sans identifier de problème. Le mandat de M. Delorme avait par conséquent été renouvelé pour cinq ans.
En réponse aux questions du député péquiste Stéphane Bergeron et de l'adéquiste Sylvie Roy en commission parlementaire, le ministre Dutil a ainsi minimisé l'importance des vérifications faites dans le dossier Delorme.
Une «habilitation sécuritaire»
L'ancien ministre Jacques Dupuis avait demandé «une habilitation sécuritaire», une vérification préalable à une nomination, une opération de routine, «la Sûreté du Québec en fait 72 000 par année» a soutenu le ministre Dutil. La vérification avait été demandée en décembre 2009, les réponses étaient arrivées en mars 2010, la SQ avait alors donné les conclusions au sous-ministre de la Sécurité publique.
Richard Deschênes, le patron de la SQ a expliqué devant la commission qu'il avait rencontré le sous-ministre Robert Lafrenière, passé depuis à la direction de l'unité permanente contre la corruption, en décembre 2009. «J'ai fait mon travail, mis en place les ressources que je jugeais nécessaire et en mars 2010, j'ai avisé le ministère que je n'avais aucun élément qui me permettait de mettre en garde le ministre concernant ce renouvellement».
«On parle de nomination à faire... il y a des vérifications qui doivent être faites, ce qui est tout à fait normal» a soutenu M. Dutil. «Une enquête est une tout autre question» insiste-t-il, en réponse à la députée Sylvie Roy. «Vérification.. enquête, deux choses différentes, comment être plus clair !» dira M. Dutil impatienté.
«Comment prétendre qu'il s'agit d'une enquête quand il s'agit d'une vérification. On était dans un processus de renouvellement de nomination» dira M. Dutil.
Le ministre Dupuis avait demandé à son sous-ministre de l'époque Robert Lafrenière, de procéder à ces vérifications, ce dernier s'est tourné vers la Sûreté du Québec. C'est cette dernière, et non M. Lafrenière, qui a demandé l'aide de la Gendarmerie Royale plus familière avec les questions touchant la mafia italienne.
M. Delorme avait des liens avec Luigi Coretti, le patron de BCIA, l'agence de sécurité qui avait obtenu sans appel d'offre un mandat de surveillance pour les bureaux du SPVM. L'agence qui avait bénéficié de contrats publics, avait aussi obtenu des fonds publics par le programme des Fiers, administré par Investissement Québec.
Pour le député Bergeron, toute cette affaire comporte des coïncidences étonnantes. Après que La Presse ait révélé les dessous de BCIA, M. Delorme avait annoncé 24 heures plus tard, qu'il prenait sa retraite à 47 ans, quelques semaines après avoir accepté le renouvellement de son mandat. Soixante-douze heures plus tard, le ministre Tony Tomassi quittait son poste -il avait accepté une carte de crédit, pour son essence, payée par BCIA. Quelques jours plus tard, La Presse révélait que Jacques Dupuis était intervenu dans la demande de permis de port d'arme de M. Coretti - la SQ avait refusé sa requête dans un premier temps. Quelques semaines plus tard, M. Dupuis démissionnait. Encore lundi, le premier ministre Charest refusait de clarifier ce dossier, de souligner le député péquiste.
Jacques Dupuis parle d'«enquête»
En matinée, en entrevues, l'ancien ministre Jacques Dupuis avait lui parlé d'enquête. «L'enquête a été transférée à la GRC parce qu'il s'agissait de possibles liens avec des gens peu recommandables de la communauté italienne et la GRC a une expertise là-dedans», avait-il expliqué par exemple à Claude Poirier à LCN.
Il a précisé que c'est lui qui avait «eu vent de ces informations-là, et c'est moi qui ai dit lors d'une rencontre avec M. Lafrenière qu'il fallait les vérifier avant de procéder au renouvellement parce qu'il s'agit de gens peu recommandables», a dit M. Dupuis.
«C'était ma responsabilité de vérifier ces informations-là, je l'ai fait en mon âme et conscience et quand les informations sont revenues en disant qu'il n'y avait pas de contre-recommandations à l'effet qu'on renouvelle M. Delorme, on l'a fait, et ce, sur la recommandation des autorités de la Ville», a-t-il ajouté.
À l'époque M. Dupuis ne connaissait pas Yvan Delorme, ils s'étaient rencontrés, professionnellement à une ou deux reprises a soutenu M. Dutil. C'est par la suite que l'ex-ministre et l'ex-policier se sont liés d'amitié.
Dans un communiqué diffusé dimanche soir, Yvan Delorme avait indiqué comme M. Dutil, que les supposées vérifications faites par la GRC ne constituaient qu'une routine effectuée avant l'arrivée d'un nouveau chef de police ou lors du renouvellement de son mandat.
En commission parlementaire, Mme Roy a aussi relevé que les documents d'appuis aux crédits montraient que trois mois après l'annonce, l'Unité permanente anti corruption n'existait encore que sur papier. Au 31 mars dernier, elle ne comptait qu'un employé, Robert Lafrenière, l'ancien sous-ministre à la Sécurité publique.
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