50 penseurs pour un monde nouveau

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tuberale
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50 penseurs pour un monde nouveau

Message par tuberale »

50 penseurs pour un monde nouveau

Exaspéré par la faiblesse des idées émanant de la classe politique actuelle, le réalisateur Hugo Latulippe a réuni une cinquantaine d'artistes, d'intellectuels, de gens impliqués dans l'action sociale et de politiciens québécois de toutes générations. De là est né République, un abécédaire populaire, un documentaire qui se veut une invitation à réfléchir à un nouveau modèle de société qui permettrait de remettre le Québec sur la voie d'une véritable modernité.

«Ce que je constate, c'est que sur la place publique, il y a en ce moment une grande pauvreté d'idées de la part des gens qui font la politique active, explique le documentariste. Mais cette pauvreté-là n'est pas représentative de ce qu'il y a comme idées en circulation dans le Québec d'aujourd'hui. Il y a une sorte de mur entre les bonnes idées et l'Assemblée nationale.»

«Je suis loin du Québec pour deux ans, ajoute-t-il, mais cette idée ne me sortait tellement pas de la tête que je suis revenu au Québec pour tourner ce film au printemps passé. Ce documentaire est donc plus un "projet" qu'un film.» On ne peut évidemment pas approfondir tous les enjeux en une heure trente. Mais selon ce qu'a constaté Le Devoir, qui a pu visionner le documentaire avant sa présentation au Festival du nouveau cinéma, on peut amplement donner matière à réfléchir, et pourquoi pas, le goût d'agir. Bref, inciter des citoyens à lancer cette «vague» qui provoquerait les changements que le réalisateur souhaite tant voir survenir. «Ce film annonce, je l'espère, que le temps des bouffons achève. Il faut remettre le Québec sur la voie du progrès humain, de la vraie modernité. Remettre le Québec sur la voie du sens.»

Ce vaste programme passe par une remise en question de notre façon de voir la démocratie, l'éducation, la santé et l'environnement, mais aussi le système économique capitaliste et son dogme de la croissance éternelle. Plusieurs des intervenants qui défilent devant l'objectif d'Hugo Latulippe écorchent d'ailleurs les idées reçues qui ont permis d'ériger ce système en finalité immuable. «Lucien Bouchard nous dit: "allez travailler, bande de paresseux". Mais je pense qu'il faut avoir le courage de s'opposer à ça, lance le metteur en scène Dominic Champagne. C'est être plus souverain que de bâtir cet espace de liberté. On sait objectivement que si on demande aux autres habitants de la Terre d'adopter notre mode de vie, on mène la Terre à sa perte. Ce n'est pas praticable. S'il y a une utopie, c'est celle d'être mieux avec moins. Mais ça va nous demander des efforts et un courage beaucoup plus grands que d'augmenter le produit intérieur brut. C'est une expérience de vide.»

Une telle réflexion, en rupture totale avec le discours politique ambiant, s'inscrit en effet dans un contexte où les économies émergentes aspirent à un modèle de consommation calqué sur celui de l'Occident. Or, rappelle le réputé sociologue Guy Rocher, «nous venons de vivre une crise économique due à des raisonnements d'économistes qui ont encouragé une consommation folle aux États-Unis». Même Claude Béland, ancien président du Mouvement Desjardins, lance un avertissement: «Tant qu'on a cette mentalité de faire de la production de richesse l'élément principal du développement, on s'en va vers des crises.»

M. Latulippe — qui a notamment réalisé le très percutant Bacon, le film, une critique virulente de l'industrie porcine — se désole d'ailleurs du fait que le Québec n'envisage absolument pas un nouveau modèle économique. «Alors que la London School of Economics étudie les concepts de décroissance ou encore d'économie postcapitaliste, chez nous, ces concepts apparaissent complètement farfelus. Pourtant, il faut faire entrer le Québec dans une nouvelle ère postcapitaliste. Il faut réfléchir au prochain pas.»

Et la question environnementale devra être au coeur de ce nouveau paradigme, affirme sans détour le réalisateur. «Il faut maintenant tenir compte des limites du vivant et introduire les notions d'environnement et inventer une nouvelle société.» Le cofondateur d'Équiterre, Steven Guilbeault, dit d'ailleurs constater un véritable «état de panique» au sein de la communauté scientifique quant au rythme auquel les effets des changements climatiques se matérialisent. Au point où si rien de significatif n'est fait d'ici une décennie, le pire sera à prévoir.

Mais le hic, encore une fois, c'est que la classe politique ne semble pas prendre la mesure des défis auxquels le monde fait face. M. Latulippe ne mâche d'ailleurs pas ses mots lorsque vient le temps de qualifier les Stephen Harper, Jean Charest ou même François Legault de ce monde. «Ce sont des gens qui ne sont que des suiveux de l'époque et qui essaient de s'infiltrer dans les craques du n'importe quoi. On n'a pas besoin d'eux. On a besoin de gens inspirés et inspirants.» Le Zapartiste Christian Vanasse insiste donc, dans République, sur l'absolue nécessité de redonner «le goût de rêver» aux citoyens. «Quand les gens vont se mettre à rêver, il vont enfin arrêter de regarder des politiciens qui sont des murs beiges de gyproc qui ne font que nous promettre qu'à la fin de l'année, on va avoir 2000 $ de plus à mettre dans notre REER.» Ils retrouveront peut-être alors le goût de prendre pleinement part à la vie démocratique du pays qu'ils habitent.

Hugo Latulippe, qui a une dizaine de documentaires à son actif, dit avoir confiance dans les citoyens du Québec. «J'ai l'impression qu'on approche d'un point de rupture. J'y crois. Mais on va devoir accélérer les choses parce qu'il y a des gens qui vont faire beaucoup de dommages sur notre territoire. Le Plan Nord est un exemple de cette menace gigantesque. [...] On peut tous faire des gestes cohérents de citoyens au quotidien, mais ça ne suffit plus. Le pouvoir s'exerce encore à l'Assemblée nationale et on va devoir y aller un jour.»



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jupiter-1
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Message par jupiter-1 »

j,aime beaucoup cet article. quand on commence à ouvrir les yeux, il est bien difficile de ne plus voir les changements qui
s,imposent! et il est grand temps qu,il y en ait du changement!
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Anya
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Message par Anya »

Six questions à...Hugo Latulippe
André Duchesne
Lundi 17 octobre 2011

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Cinéaste engagé, observateur du Québec moderne pour lequel il a une réelle affection, Hugo Latulippe n’en est pas moins préoccupé et critique du climat ambiant. Ce qu’il évoque dans son nouveau documentaire où il donne la parole à «53 personnalités inspirantes». Nous l’avons rejoint en Suisse où, avec sa famille, il poursuit un séjour de deux ans.

1-On dirait que pour vous, les choses ne s’améliorent pas dans la société québécoise?

«Il y a en effet un constat de grisaille politique invraisemblable. C’est quelque chose de ressenti et d’exprimé par bien du monde. J’ai ressenti une espèce d’urgence citoyenne à tourner ce film. J’ai voulu faire ma part tout en conservant mon regard de cinéaste qui est d’exprimer la beauté de la forme et de la parole chez les gens filmés.»

2-Faire votre part en tant que cinéaste est donc une « valeur ajoutée» dans le débat actuel?

« Je voulais faire ma part en tant que créateur et observateur de la pauvreté du langage, des idées, de l’imagination qui règnent. Mon urgence était de pomper du sens sur la place publique au Québec à travers les gens réunis devant la caméra. Je voulais me mettre en chasse de la beauté de parole de ces gens-là. Il est pour le moins troublant d’avoir ce sentiment qu’au sommet de la pyramide politique, on retrouve des gens qui ne sont pas au même endroit que le reste de la société. Il est temps que ces gens se rendent compte qu’ils sont arrivés au XXIe siècle.»

3-Justement! En parlant de la pyramide politique, vous avez réussi à réunir devant votre caméra une espèce d’«équipe de rêve» de la gauche. À quand une offensive pour prendre le pouvoir?

(Rires) « Je crois que le Québec comme le Canada vont finir par basculer à gauche. Ce n’est pas audacieux de faire cette affirmation, tellement on a atteint une espèce de fond du baril. Il est vrai que les gens me demandent si, dans un esprit de cohérence citoyenne, je vais un jour faire le saut (en politique active). Je réponds souvent que mon travail est de faire des films et que j’aime ça. Mais je me dis qu’un jour, en effet, je devrai peut-être en arriver là.»

4-Il y a des gens de tous les âges et de tous les horizons dans votre film. Cette pluralité des voix vous était importante?

«Terriblement! Je souhaitais rassembler des gens de tous les âges et avoir une bonne répartition hommes-femmes. Les témoins sont âgés de 25 à 85 ans, ce qui constitue un large spectre. Il y a plusieurs jeunes, dans gens dans la trentaine, etc. Mais on y voit aussi ceux que j’appelle les grands sages, qui ont construit le Québec dans lequel nous vivons.»

5-En parlant de votre œuvre précédente, Manifeste en série, vous évoquiez un désir de fonder une sorte de famille. En réunissant 53 personnalités, votre abécédaire populaire va dans la même direction. Qu’en pensez-vous?

«C’est le pouvoir magique du cinéaste que de pouvoir rassembler autant de gens pour saisir l’esprit du temps. Ils ne sont pas toujours d’accord sur tout. Mais le but était d’être ensemble sans aucun autre sens que celui de la cohésion, d’exprimer une conscience collective sur la direction qu’on veut prendre.»

6-Que pensez-vous du mouvement «Occupy Wall Street»?

«Ce basculement est inévitable. On a vu dans les derniers mois, les dernières années, des peuples qui se soulèvent et se transforment comme dans le nord de l’Afrique et au Moyen-Orient. Pourquoi pas nous? Pourquoi ne pas inverser le cours des choses? Et on sait que chez nous, ces changements peuvent se faire dans le calme. Le passé nous montre qu’il est possible d’inverser le cours du modèle économique. Ça s’est vu en 1976 (avec l’élection du Parti québécois). Les gens élus à ce moment-là avaient peu d’expérience politique, mais formaient un des gouvernements les plus lettrés. On peut inverser le cours de l’Histoire.»

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tuberale
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Message par tuberale »

Je ne crois pas que le système puisse autant changer qu'il semble le croire. De un en 1976 n'existait pas la mondialisation, ns pouvions donner au Qc le visage que ns désirions, maintenant c'est plus la possibilité de lui donner le visage qu'ils voudront bien lui laisser. Et dans le ILS sont autant inclus les grosses corporations que les gouvernements fédéraux qui se sont et se succèderont ainsi que les tenants de notre dette.

Et puis qu'existe et sévit la mondialisation, il ns faut agir gros, en groupement mondiaux, comme samedi dernier. Le système en place ne disparaitra pas ainsi, même si la population n'en veut plus, n'en peut plus.. mais elle peut stopper sa progression. Si on regarde à notre petite échelle, ici au Qc, depuis le printemps. la mobilisation de quoi......5-10,000 personnes dans le top qui ont formé des comités de résistance concernant le développement impétueux sur le gaz de schiste, a stoppé la progression, découragé certaines compagnies, mis à jour plusieurs dossiers de collusion, fait perdre le visage aux Lucien Bouchard de ce monde. La population maintenant s'attaque à la corruption dans la construction et nos institutions publiques, la mobilisation dans ce cas est plus grosse, les esprits s'éveillent. Des politiciens perdront le pouvoir, on congédiera des têtes dirigeantes ......mais la corruption, le lobbying, les bourses, les grosses corporations, etc, etc....tout ce beau système en place ne disparaitra pas du jour au lendemain mais il va finir par reculer, ns ne les mettrons pas à genoux mais ns apprendrons ns, à nous lever debout.

Dommage pour ce monsieur Latulippe qui comme bien d'autres fait état d'ambitions politiques, il ne décode pas du tout le mouvement Occupy Wall Street. L'idée n'est pas de changer de politiciens, cela revient dans ce beau système à changer 4 trente sous pour une piastre, l'idée est d'apprendre à se passer de politiciens, puisque ceux-ci finissent toujours par avoir les mains liées et défendent des pays qui ne ns ns appartiennent plus vu l'état des dettes de chacun. Le système est à rebâtir complètement. Bien sûr au Qc ns ne feront pas de bouleversements aussi gigantesques qu'ailleurs mais ns en subiront et profiterons des contrecoups de toute cette agitation c'est évident. Pensez messieurs et mesdames, mais ne croyez pas pensez pour moi et quand je dis moi, je souhaite que ce moi représente la société et actuelle et à celle de nos enfants et petits enfants.
Dernière modification par tuberale le lun. oct. 17, 2011 12:26 pm, modifié 1 fois.
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