La juge Andrée Ruffo démissionne
tuberale a écritFranco Nuovo
La rebelle...
Journal de Montréal
20/05/2006 10h55
Je n'arrive pas à la trouver antipathique ni à la juger, ce qui tombe plutôt bien puisque contrairement à elle, je ne suis pas juge. Remarquez, Andrée Ruffo ne l'est plus non plus depuis deux jours, depuis qu'elle a démissionné après le refus de la Cour suprême d'entendre son appel pour contrer les mesures visant à sa destitution. De toute façon, elle s'en allait là directement. C'était écrit dans le ciel depuis longtemps.
Je le répète, je n'arrive pas à la condamner comme tant d'autres, même que j'éprouve un certain respect pour elle. Je sais: ses bourdes! Je sais aussi qu'elle a souvent manqué à son devoir de réserve, d'impartialité, qu'elle a pris des décisions dites illégales, etc. Je sais tout ça. Je sais aussi qu'elle était pour la magistrature le ver à l'intérieur de la pomme.
Reconnaissons cependant son panache et son charisme qui en ont fait une personne hautement médiatisable, voire médiatisée et inévitablement une chouchoute des médias. Ajoutons la noblesse de sa cause: la défense des enfants. Son attitude et sa détermination à défendre coûte que coûte le droit des gamins en ont fait un preux chevalier. Et comme bien des chevaliers à l'ego démesuré, elle est tombée sous l'épée de ses ennemis qui, ironiquement, étaient des siens.
Spectaculaire aussi la dame; or, c'est justement ce panache, ce charisme, cet ego et son talent médiatique qui lui ont permis d'alerter l'opinion publique sur les enfants maltraités. Ce n'est pas rien. Pour ça que la Cour d'appel a lourdement insisté tout en confirmant la justesse de la sanction, qu'elle n'est en rien attribuable à la croisade pour le droit des enfants, mais bien au reste, pour son refus d'obéir à ses obligations d'impartialité, pour avoir rendu des décisions illégales, pour avoir associé son nom et sa fonction à des pétitions, pour avoir fait une pub de Via Rail, etc.
Je vais vous dire un secret, c'est aussi son petit côté rebelle qui me l'a toujours rendue sympathique. Lors de sa conférence de presse, madame Ruffo a plutôt préféré parler de «femme libre».
Or, chaque médaille a son revers. Toute cette liberté qu'elle s'autorisait en refusant de se plier aux règles dictées par sa profession force aujourd'hui Andrée Ruffo à en payer le prix. Parce qu'on peut y mettre les mots et les formules qu'on veut, il est vrai que ce que lui reproche le Conseil de la magistrature, c'est de ne pas vouloir changer, de ne pas rentrer dans le rang, même de refuser catégoriquement.
La magistrature et cette justice qu'elle incarne sont une sphère sans aucune place pour une quelconque forme de dissidence. Il est probablement vrai qu'on ne peut exiger des autres l'écoute et l'obéissance si on est incapable soi-même d'écouter et d'obéir.
Ce que je sais aussi toutefois, c'est qu'il est rare que les choses changent grâce à des gens qui marchent au pas. Souvent, voire la plupart du temps, ce sont ceux qui sortent du moule, au grand déplaisir des tenants des structures et de l'ordre, qui font avancer les choses. Par son indiscipline, appelons-la comme ça, que lui reprochent ses collègues, la juge Ruffo aura quand même eu le mérite d'attirer plus que quiconque l'attention sur les enfants maltraités.
Ce que je sais enfin, c'est que peu importe l'univers dans lequel on évolue, jamais au grand jamais, ou sauf dans de rares, très rares exceptions, un individu seul gagne contre une institution ou un système.
Andrée Ruffo a perdu sa bataille contre la magistrature parce que la machine, symbole de la justice, est trop grosse, trop lourde socialement.
Son texte ,me rejoint,
moi ,aussi ,je suis porter a penser ainsi
La rebelle...
Journal de Montréal
20/05/2006 10h55
Je n'arrive pas à la trouver antipathique ni à la juger, ce qui tombe plutôt bien puisque contrairement à elle, je ne suis pas juge. Remarquez, Andrée Ruffo ne l'est plus non plus depuis deux jours, depuis qu'elle a démissionné après le refus de la Cour suprême d'entendre son appel pour contrer les mesures visant à sa destitution. De toute façon, elle s'en allait là directement. C'était écrit dans le ciel depuis longtemps.
Je le répète, je n'arrive pas à la condamner comme tant d'autres, même que j'éprouve un certain respect pour elle. Je sais: ses bourdes! Je sais aussi qu'elle a souvent manqué à son devoir de réserve, d'impartialité, qu'elle a pris des décisions dites illégales, etc. Je sais tout ça. Je sais aussi qu'elle était pour la magistrature le ver à l'intérieur de la pomme.
Reconnaissons cependant son panache et son charisme qui en ont fait une personne hautement médiatisable, voire médiatisée et inévitablement une chouchoute des médias. Ajoutons la noblesse de sa cause: la défense des enfants. Son attitude et sa détermination à défendre coûte que coûte le droit des gamins en ont fait un preux chevalier. Et comme bien des chevaliers à l'ego démesuré, elle est tombée sous l'épée de ses ennemis qui, ironiquement, étaient des siens.
Spectaculaire aussi la dame; or, c'est justement ce panache, ce charisme, cet ego et son talent médiatique qui lui ont permis d'alerter l'opinion publique sur les enfants maltraités. Ce n'est pas rien. Pour ça que la Cour d'appel a lourdement insisté tout en confirmant la justesse de la sanction, qu'elle n'est en rien attribuable à la croisade pour le droit des enfants, mais bien au reste, pour son refus d'obéir à ses obligations d'impartialité, pour avoir rendu des décisions illégales, pour avoir associé son nom et sa fonction à des pétitions, pour avoir fait une pub de Via Rail, etc.
Je vais vous dire un secret, c'est aussi son petit côté rebelle qui me l'a toujours rendue sympathique. Lors de sa conférence de presse, madame Ruffo a plutôt préféré parler de «femme libre».
Or, chaque médaille a son revers. Toute cette liberté qu'elle s'autorisait en refusant de se plier aux règles dictées par sa profession force aujourd'hui Andrée Ruffo à en payer le prix. Parce qu'on peut y mettre les mots et les formules qu'on veut, il est vrai que ce que lui reproche le Conseil de la magistrature, c'est de ne pas vouloir changer, de ne pas rentrer dans le rang, même de refuser catégoriquement.
La magistrature et cette justice qu'elle incarne sont une sphère sans aucune place pour une quelconque forme de dissidence. Il est probablement vrai qu'on ne peut exiger des autres l'écoute et l'obéissance si on est incapable soi-même d'écouter et d'obéir.
Ce que je sais aussi toutefois, c'est qu'il est rare que les choses changent grâce à des gens qui marchent au pas. Souvent, voire la plupart du temps, ce sont ceux qui sortent du moule, au grand déplaisir des tenants des structures et de l'ordre, qui font avancer les choses. Par son indiscipline, appelons-la comme ça, que lui reprochent ses collègues, la juge Ruffo aura quand même eu le mérite d'attirer plus que quiconque l'attention sur les enfants maltraités.
Ce que je sais enfin, c'est que peu importe l'univers dans lequel on évolue, jamais au grand jamais, ou sauf dans de rares, très rares exceptions, un individu seul gagne contre une institution ou un système.
Andrée Ruffo a perdu sa bataille contre la magistrature parce que la machine, symbole de la justice, est trop grosse, trop lourde socialement.
Son texte ,me rejoint,
moi ,aussi ,je suis porter a penser ainsi
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- Seigneur de la Causerie
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- Inscription : sam. juin 19, 2004 12:00 am
Dans mon entreprise à toute les années je dois signer un document à l'effet que j'ai lu et compris et que je m'engage à respecter un code de déontologie.
Je ne suis pas juge, simple citoyenne et voilà bien longtemps que j'ai compris. Il me semble que ce n'est pas compliqué. Je m'engage à ne pas divulguer d'information, ne pas transiger avec des membres de ma famille, ne pas être membre conseil d'administration sans en aviser mon supérieur etc....
En contre partie, je reçois un salaire assez appréciable de bon avantage sociaux. S'il y a des décisions de mon entreprise qui ne font pas mon affaire, je chiale à mon patron. S'il ne comprend rien je chiale plus haut. Si tout ce qui se passe à mon travail, est contre tout bon sens, j'ai la liberté et le devoir de démissionner et me débarasser du carcan de mon code. A partir de ce moment je serai libre et pourrai m'associer à une association contre ce type d'entreprise.
En fait je suis une citoyenne des plus ordinaire et je me plie à mon code de déontologie. Alors j'attend d'un juge qu'il en fasse autant et pourquoi pas plus. Il est juge, il est supposé être plus moi, n'est ce pas?
Je ne suis pas juge, simple citoyenne et voilà bien longtemps que j'ai compris. Il me semble que ce n'est pas compliqué. Je m'engage à ne pas divulguer d'information, ne pas transiger avec des membres de ma famille, ne pas être membre conseil d'administration sans en aviser mon supérieur etc....
En contre partie, je reçois un salaire assez appréciable de bon avantage sociaux. S'il y a des décisions de mon entreprise qui ne font pas mon affaire, je chiale à mon patron. S'il ne comprend rien je chiale plus haut. Si tout ce qui se passe à mon travail, est contre tout bon sens, j'ai la liberté et le devoir de démissionner et me débarasser du carcan de mon code. A partir de ce moment je serai libre et pourrai m'associer à une association contre ce type d'entreprise.
En fait je suis une citoyenne des plus ordinaire et je me plie à mon code de déontologie. Alors j'attend d'un juge qu'il en fasse autant et pourquoi pas plus. Il est juge, il est supposé être plus moi, n'est ce pas?
tuberale a écritFranco Nuovo
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Journal de Montréal
20/05/2006 10h55
Je n'arrive pas à la trouver antipathique ni à la juger, ce qui tombe plutôt bien puisque contrairement à elle, je ne suis pas juge. Remarquez, Andrée Ruffo ne l'est plus non plus depuis deux jours, depuis qu'elle a démissionné après le refus de la Cour suprême d'entendre son appel pour contrer les mesures visant à sa destitution. De toute façon, elle s'en allait là directement. C'était écrit dans le ciel depuis longtemps.
Je le répète, je n'arrive pas à la condamner comme tant d'autres, même que j'éprouve un certain respect pour elle. Je sais: ses bourdes! Je sais aussi qu'elle a souvent manqué à son devoir de réserve, d'impartialité, qu'elle a pris des décisions dites illégales, etc. Je sais tout ça. Je sais aussi qu'elle était pour la magistrature le ver à l'intérieur de la pomme.
Reconnaissons cependant son panache et son charisme qui en ont fait une personne hautement médiatisable, voire médiatisée et inévitablement une chouchoute des médias. Ajoutons la noblesse de sa cause: la défense des enfants. Son attitude et sa détermination à défendre coûte que coûte le droit des gamins en ont fait un preux chevalier. Et comme bien des chevaliers à l'ego démesuré, elle est tombée sous l'épée de ses ennemis qui, ironiquement, étaient des siens.
Spectaculaire aussi la dame; or, c'est justement ce panache, ce charisme, cet ego et son talent médiatique qui lui ont permis d'alerter l'opinion publique sur les enfants maltraités. Ce n'est pas rien. Pour ça que la Cour d'appel a lourdement insisté tout en confirmant la justesse de la sanction, qu'elle n'est en rien attribuable à la croisade pour le droit des enfants, mais bien au reste, pour son refus d'obéir à ses obligations d'impartialité, pour avoir rendu des décisions illégales, pour avoir associé son nom et sa fonction à des pétitions, pour avoir fait une pub de Via Rail, etc.
Je vais vous dire un secret, c'est aussi son petit côté rebelle qui me l'a toujours rendue sympathique. Lors de sa conférence de presse, madame Ruffo a plutôt préféré parler de «femme libre».
Or, chaque médaille a son revers. Toute cette liberté qu'elle s'autorisait en refusant de se plier aux règles dictées par sa profession force aujourd'hui Andrée Ruffo à en payer le prix. Parce qu'on peut y mettre les mots et les formules qu'on veut, il est vrai que ce que lui reproche le Conseil de la magistrature, c'est de ne pas vouloir changer, de ne pas rentrer dans le rang, même de refuser catégoriquement.
La magistrature et cette justice qu'elle incarne sont une sphère sans aucune place pour une quelconque forme de dissidence. Il est probablement vrai qu'on ne peut exiger des autres l'écoute et l'obéissance si on est incapable soi-même d'écouter et d'obéir.
Ce que je sais aussi toutefois, c'est qu'il est rare que les choses changent grâce à des gens qui marchent au pas. Souvent, voire la plupart du temps, ce sont ceux qui sortent du moule, au grand déplaisir des tenants des structures et de l'ordre, qui font avancer les choses. Par son indiscipline, appelons-la comme ça, que lui reprochent ses collègues, la juge Ruffo aura quand même eu le mérite d'attirer plus que quiconque l'attention sur les enfants maltraités.
Ce que je sais enfin, c'est que peu importe l'univers dans lequel on évolue, jamais au grand jamais, ou sauf dans de rares, très rares exceptions, un individu seul gagne contre une institution ou un système.
Andrée Ruffo a perdu sa bataille contre la magistrature parce que la machine, symbole de la justice, est trop grosse, trop lourde socialement.
La rebelle...
Journal de Montréal
20/05/2006 10h55
Je n'arrive pas à la trouver antipathique ni à la juger, ce qui tombe plutôt bien puisque contrairement à elle, je ne suis pas juge. Remarquez, Andrée Ruffo ne l'est plus non plus depuis deux jours, depuis qu'elle a démissionné après le refus de la Cour suprême d'entendre son appel pour contrer les mesures visant à sa destitution. De toute façon, elle s'en allait là directement. C'était écrit dans le ciel depuis longtemps.
Je le répète, je n'arrive pas à la condamner comme tant d'autres, même que j'éprouve un certain respect pour elle. Je sais: ses bourdes! Je sais aussi qu'elle a souvent manqué à son devoir de réserve, d'impartialité, qu'elle a pris des décisions dites illégales, etc. Je sais tout ça. Je sais aussi qu'elle était pour la magistrature le ver à l'intérieur de la pomme.
Reconnaissons cependant son panache et son charisme qui en ont fait une personne hautement médiatisable, voire médiatisée et inévitablement une chouchoute des médias. Ajoutons la noblesse de sa cause: la défense des enfants. Son attitude et sa détermination à défendre coûte que coûte le droit des gamins en ont fait un preux chevalier. Et comme bien des chevaliers à l'ego démesuré, elle est tombée sous l'épée de ses ennemis qui, ironiquement, étaient des siens.
Spectaculaire aussi la dame; or, c'est justement ce panache, ce charisme, cet ego et son talent médiatique qui lui ont permis d'alerter l'opinion publique sur les enfants maltraités. Ce n'est pas rien. Pour ça que la Cour d'appel a lourdement insisté tout en confirmant la justesse de la sanction, qu'elle n'est en rien attribuable à la croisade pour le droit des enfants, mais bien au reste, pour son refus d'obéir à ses obligations d'impartialité, pour avoir rendu des décisions illégales, pour avoir associé son nom et sa fonction à des pétitions, pour avoir fait une pub de Via Rail, etc.
Je vais vous dire un secret, c'est aussi son petit côté rebelle qui me l'a toujours rendue sympathique. Lors de sa conférence de presse, madame Ruffo a plutôt préféré parler de «femme libre».
Or, chaque médaille a son revers. Toute cette liberté qu'elle s'autorisait en refusant de se plier aux règles dictées par sa profession force aujourd'hui Andrée Ruffo à en payer le prix. Parce qu'on peut y mettre les mots et les formules qu'on veut, il est vrai que ce que lui reproche le Conseil de la magistrature, c'est de ne pas vouloir changer, de ne pas rentrer dans le rang, même de refuser catégoriquement.
La magistrature et cette justice qu'elle incarne sont une sphère sans aucune place pour une quelconque forme de dissidence. Il est probablement vrai qu'on ne peut exiger des autres l'écoute et l'obéissance si on est incapable soi-même d'écouter et d'obéir.
Ce que je sais aussi toutefois, c'est qu'il est rare que les choses changent grâce à des gens qui marchent au pas. Souvent, voire la plupart du temps, ce sont ceux qui sortent du moule, au grand déplaisir des tenants des structures et de l'ordre, qui font avancer les choses. Par son indiscipline, appelons-la comme ça, que lui reprochent ses collègues, la juge Ruffo aura quand même eu le mérite d'attirer plus que quiconque l'attention sur les enfants maltraités.
Ce que je sais enfin, c'est que peu importe l'univers dans lequel on évolue, jamais au grand jamais, ou sauf dans de rares, très rares exceptions, un individu seul gagne contre une institution ou un système.
Andrée Ruffo a perdu sa bataille contre la magistrature parce que la machine, symbole de la justice, est trop grosse, trop lourde socialement.
Ce qui est passé a fui ; ce que tu espères est absent ; mais le présent est à toi.
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- Seigneur de la Causerie
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- Inscription : sam. juin 19, 2004 12:00 am
La Presse
Vendredi 19 mai 2006, A5
Yves Boisvert
Elle n’avait de juge que le titre
On ne m’en voudra pas, j’espère, de commencer par l’aspect humain de la démission de la juge Andrée Ruffo. Qu’adviendra-t-il de ses avocats? On s’habitue, j’imagine, à manufacturer des arguments juridiques aux frais du contribuable, on y prend goût!
Les deuxièmes victimes seront les médias. Depuis que je suis journaliste, Andrée Ruffo est un chouchou des médias. Elle combine la défense des enfants, la dénonciation des politiciens indifférents et la révolte contre un système bureaucratique et inhumain. Qui dit mieux?
Comme les autres, à la fin des années 80, il me semblait que cette femme-là était en chicane avec l’establishment juridico-social pour les bonnes raisons.
Après tout, la protection de la jeunesse n’était pas un sujet très à la mode il y a 20 ans. Elle osait prendre position pour dénoncer les manques de ressources.
Puis m’est apparu son incroyable manque de jugement. Aller parler d’une affaire qu’elle est en train de juger dans les médias, au point où les gens impliqués se reconnaissent, est évidemment une erreur, même si on prétend le faire pour la cause des enfants. Un juge n’aide personne s’il est obligé de se récuser à cause de ses commentaires, parce qu’on a l’impression qu’il a jugé l’affaire d’avance.
Envoyer des enfants au bureau de la ministre des Services sociaux sous prétexte que la DPJ fait fi de ses ordonnances, c’était spectaculaire, mais totalement illégal. S’il fallait que les juges qui estiment défendre une bonne cause se mettent à inventer des ordonnances, on n’en aurait pas fini. C’était aussi se servir des enfants en prétendant les défendre. Mais tellement sympathique!
On l’a vue plus tard joueur au commissaire-enquêteur et obliger un centre jeunesse à fournir tous les C.V. de ses employés le lendemain matin. Pourquoi? Elle remettait en doute la compétence de certains travailleurs sociaux.
Un peu plus tard, le narcissisme et la prétention du personnage sont ressortis. Si Andrée Ruffo était sur le point d’être destituée, ce n’est pas seulement à cause de ses fautes répétées. C’est aussi, surtout même, parce qu’elle ne se reconnaît pas la moindre faute. Elle se perçoit comme une perpétuelle victime.
Quand on lui a reproché d’avoir fait des publicités pour VIA Rail (sans rémunération), elle n’a évidemment pas compris. Que voulez-vous, elle aime le train, « ça fait partie de notre héritage ». Elle ne ferait pas de publicité pour Coca-Cola, « parce qu’il y a de la compétition ». On se demande pourquoi VIA fait de la pub, s’il n’y a pas de concurrence, et on se demande ce que les compagnies d’autocars en pensent; mais de toute manière, Andrée Ruffo est incapable de faire quoi que ce soit de mal, parce que tout ce qu’elle fait, c’est pour les enfants!
Dans son dernier dossier, on a démontré qu’elle avait entendu comme témoin une psychologue qui est son amie sans le déclarer aux parties. Or, cette psychologue recommandait le placement d’enfants dans une famille pour un an; l’autre expert suggérait une période de 14 ans. Son opinion était donc hautement importante et au coeur du litige.
Deuxième erreur, plus grave, la juge Ruffo a rencontré cette amie deux fois, sans la présence des parties, pendant les audiences. Il est évidemment inadmissible qu’un juge rencontre les témoins pendant un procès en dehors de la salle d’audience, et à l’insu des gens impliqués. Même si c’est pour parler de la pluie et du beau temps. Quelle confiance auront les parents en ce juge, s’ils savent qu’il rencontre un témoin important seul à seul?
C’est tellement évident, clair et incontestable, que de ne pas même reconnaître qu’il y a un problème la disqualifie comme juge. Mais non, la juge Ruffo, l’amie des enfants, est incapable de dire : je pensais que ce n’était pas grave, mais je vois qu’il y a un problème. Impossible! Elle est la vertu incarnée.
Il n’y avait évidemment aucun problème non plus pour elle à faire suspendre son audience disciplinaire à ce sujet pour des raisons de santé… et de se présenter le soir même à TQS pour dire que ce qui lui arrive, « c’est un scandale! »
C’est ainsi qu’au fil des ans, elle s’est fabriqué un personnage médiatique fulgurant, inattaquable, qui « dit les vraies affaires ». L’émotion vertueuse qu’elle dégage balaie tout sur son passage. Les faits, d’abord, qui sont clairement exposés dans le jugement de la Cour d’appel du 9 décembre 2005 (voir sur jugements.qc.ca), que la Cour suprême a décidé hier de ne pas réexaminer. Mais bien sûr aussi les notions fondamentales de réserve, de modération, d’impartialité. Toutes choses terriblement grises et antiques, surtout à notre époque où il faut mettre ses tripes sur la table et s’exprimer impérativement.
Imaginons, demain, un juge de la chambre criminelle qui se lance dans une campagne contre la police, qu’il accuse d’incompétence crasse. Il y a des cas, vous savez! Si ce juge multiplie les conférences, les interventions médiatiques, commente des causes non terminées, rencontre des témoins en privé, que dira-t-on? Ou si un autre devient un militant de la sévérité des tribunaux, se répand en déclarations incendiaires contre le système de justice qui laisse courir les criminels? On dira qu’ils n’ont pas ce qu’il faut pour être juge.
Car toute cette affaire commencée il y a 18 ans nous ramène à cette question très vieille et très simple : qu’est-ce qu’un juge?
C’est une personne impartiale qui tranche des litiges selon la loi, de manière désintéressée. Devant lui, on ne doit pas craindre de ne pas être entendu, ou d’être bousculé parce qu’on est du « mauvais bord », du bord des « non-enfants » par exemple.
Andrée Ruffo vient de démissionner comme juge, mais elle l’était si peu qu’elle n’a fait qu’officialiser une situation qui dure depuis 20 ans.
Vendredi 19 mai 2006, A5
Yves Boisvert
Elle n’avait de juge que le titre
On ne m’en voudra pas, j’espère, de commencer par l’aspect humain de la démission de la juge Andrée Ruffo. Qu’adviendra-t-il de ses avocats? On s’habitue, j’imagine, à manufacturer des arguments juridiques aux frais du contribuable, on y prend goût!
Les deuxièmes victimes seront les médias. Depuis que je suis journaliste, Andrée Ruffo est un chouchou des médias. Elle combine la défense des enfants, la dénonciation des politiciens indifférents et la révolte contre un système bureaucratique et inhumain. Qui dit mieux?
Comme les autres, à la fin des années 80, il me semblait que cette femme-là était en chicane avec l’establishment juridico-social pour les bonnes raisons.
Après tout, la protection de la jeunesse n’était pas un sujet très à la mode il y a 20 ans. Elle osait prendre position pour dénoncer les manques de ressources.
Puis m’est apparu son incroyable manque de jugement. Aller parler d’une affaire qu’elle est en train de juger dans les médias, au point où les gens impliqués se reconnaissent, est évidemment une erreur, même si on prétend le faire pour la cause des enfants. Un juge n’aide personne s’il est obligé de se récuser à cause de ses commentaires, parce qu’on a l’impression qu’il a jugé l’affaire d’avance.
Envoyer des enfants au bureau de la ministre des Services sociaux sous prétexte que la DPJ fait fi de ses ordonnances, c’était spectaculaire, mais totalement illégal. S’il fallait que les juges qui estiment défendre une bonne cause se mettent à inventer des ordonnances, on n’en aurait pas fini. C’était aussi se servir des enfants en prétendant les défendre. Mais tellement sympathique!
On l’a vue plus tard joueur au commissaire-enquêteur et obliger un centre jeunesse à fournir tous les C.V. de ses employés le lendemain matin. Pourquoi? Elle remettait en doute la compétence de certains travailleurs sociaux.
Un peu plus tard, le narcissisme et la prétention du personnage sont ressortis. Si Andrée Ruffo était sur le point d’être destituée, ce n’est pas seulement à cause de ses fautes répétées. C’est aussi, surtout même, parce qu’elle ne se reconnaît pas la moindre faute. Elle se perçoit comme une perpétuelle victime.
Quand on lui a reproché d’avoir fait des publicités pour VIA Rail (sans rémunération), elle n’a évidemment pas compris. Que voulez-vous, elle aime le train, « ça fait partie de notre héritage ». Elle ne ferait pas de publicité pour Coca-Cola, « parce qu’il y a de la compétition ». On se demande pourquoi VIA fait de la pub, s’il n’y a pas de concurrence, et on se demande ce que les compagnies d’autocars en pensent; mais de toute manière, Andrée Ruffo est incapable de faire quoi que ce soit de mal, parce que tout ce qu’elle fait, c’est pour les enfants!
Dans son dernier dossier, on a démontré qu’elle avait entendu comme témoin une psychologue qui est son amie sans le déclarer aux parties. Or, cette psychologue recommandait le placement d’enfants dans une famille pour un an; l’autre expert suggérait une période de 14 ans. Son opinion était donc hautement importante et au coeur du litige.
Deuxième erreur, plus grave, la juge Ruffo a rencontré cette amie deux fois, sans la présence des parties, pendant les audiences. Il est évidemment inadmissible qu’un juge rencontre les témoins pendant un procès en dehors de la salle d’audience, et à l’insu des gens impliqués. Même si c’est pour parler de la pluie et du beau temps. Quelle confiance auront les parents en ce juge, s’ils savent qu’il rencontre un témoin important seul à seul?
C’est tellement évident, clair et incontestable, que de ne pas même reconnaître qu’il y a un problème la disqualifie comme juge. Mais non, la juge Ruffo, l’amie des enfants, est incapable de dire : je pensais que ce n’était pas grave, mais je vois qu’il y a un problème. Impossible! Elle est la vertu incarnée.
Il n’y avait évidemment aucun problème non plus pour elle à faire suspendre son audience disciplinaire à ce sujet pour des raisons de santé… et de se présenter le soir même à TQS pour dire que ce qui lui arrive, « c’est un scandale! »
C’est ainsi qu’au fil des ans, elle s’est fabriqué un personnage médiatique fulgurant, inattaquable, qui « dit les vraies affaires ». L’émotion vertueuse qu’elle dégage balaie tout sur son passage. Les faits, d’abord, qui sont clairement exposés dans le jugement de la Cour d’appel du 9 décembre 2005 (voir sur jugements.qc.ca), que la Cour suprême a décidé hier de ne pas réexaminer. Mais bien sûr aussi les notions fondamentales de réserve, de modération, d’impartialité. Toutes choses terriblement grises et antiques, surtout à notre époque où il faut mettre ses tripes sur la table et s’exprimer impérativement.
Imaginons, demain, un juge de la chambre criminelle qui se lance dans une campagne contre la police, qu’il accuse d’incompétence crasse. Il y a des cas, vous savez! Si ce juge multiplie les conférences, les interventions médiatiques, commente des causes non terminées, rencontre des témoins en privé, que dira-t-on? Ou si un autre devient un militant de la sévérité des tribunaux, se répand en déclarations incendiaires contre le système de justice qui laisse courir les criminels? On dira qu’ils n’ont pas ce qu’il faut pour être juge.
Car toute cette affaire commencée il y a 18 ans nous ramène à cette question très vieille et très simple : qu’est-ce qu’un juge?
C’est une personne impartiale qui tranche des litiges selon la loi, de manière désintéressée. Devant lui, on ne doit pas craindre de ne pas être entendu, ou d’être bousculé parce qu’on est du « mauvais bord », du bord des « non-enfants » par exemple.
Andrée Ruffo vient de démissionner comme juge, mais elle l’était si peu qu’elle n’a fait qu’officialiser une situation qui dure depuis 20 ans.
-
- Seigneur de la Causerie
- Messages : 9083
- Inscription : sam. juin 19, 2004 12:00 am
BouleAMites_ a écritLa Presse
Vendredi 19 mai 2006, A5
Yves Boisvert
Elle n’avait de juge que le titre
On ne m’en voudra pas, j’espère, de commencer par l’aspect humain de la démission de la juge Andrée Ruffo. Qu’adviendra-t-il de ses avocats? On s’habitue, j’imagine, à manufacturer des arguments juridiques aux frais du contribuable, on y prend goût!
Les deuxièmes victimes seront les médias. Depuis que je suis journaliste, Andrée Ruffo est un chouchou des médias. Elle combine la défense des enfants, la dénonciation des politiciens indifférents et la révolte contre un système bureaucratique et inhumain. Qui dit mieux?
Comme les autres, à la fin des années 80, il me semblait que cette femme-là était en chicane avec l’establishment juridico-social pour les bonnes raisons.
Après tout, la protection de la jeunesse n’était pas un sujet très à la mode il y a 20 ans. Elle osait prendre position pour dénoncer les manques de ressources.
Puis m’est apparu son incroyable manque de jugement. Aller parler d’une affaire qu’elle est en train de juger dans les médias, au point où les gens impliqués se reconnaissent, est évidemment une erreur, même si on prétend le faire pour la cause des enfants. Un juge n’aide personne s’il est obligé de se récuser à cause de ses commentaires, parce qu’on a l’impression qu’il a jugé l’affaire d’avance.
Envoyer des enfants au bureau de la ministre des Services sociaux sous prétexte que la DPJ fait fi de ses ordonnances, c’était spectaculaire, mais totalement illégal. S’il fallait que les juges qui estiment défendre une bonne cause se mettent à inventer des ordonnances, on n’en aurait pas fini. C’était aussi se servir des enfants en prétendant les défendre. Mais tellement sympathique!
On l’a vue plus tard joueur au commissaire-enquêteur et obliger un centre jeunesse à fournir tous les C.V. de ses employés le lendemain matin. Pourquoi? Elle remettait en doute la compétence de certains travailleurs sociaux.
Un peu plus tard, le narcissisme et la prétention du personnage sont ressortis. Si Andrée Ruffo était sur le point d’être destituée, ce n’est pas seulement à cause de ses fautes répétées. C’est aussi, surtout même, parce qu’elle ne se reconnaît pas la moindre faute. Elle se perçoit comme une perpétuelle victime.
Quand on lui a reproché d’avoir fait des publicités pour VIA Rail (sans rémunération), elle n’a évidemment pas compris. Que voulez-vous, elle aime le train, « ça fait partie de notre héritage ». Elle ne ferait pas de publicité pour Coca-Cola, « parce qu’il y a de la compétition ». On se demande pourquoi VIA fait de la pub, s’il n’y a pas de concurrence, et on se demande ce que les compagnies d’autocars en pensent; mais de toute manière, Andrée Ruffo est incapable de faire quoi que ce soit de mal, parce que tout ce qu’elle fait, c’est pour les enfants!
Dans son dernier dossier, on a démontré qu’elle avait entendu comme témoin une psychologue qui est son amie sans le déclarer aux parties. Or, cette psychologue recommandait le placement d’enfants dans une famille pour un an; l’autre expert suggérait une période de 14 ans. Son opinion était donc hautement importante et au coeur du litige.
Deuxième erreur, plus grave, la juge Ruffo a rencontré cette amie deux fois, sans la présence des parties, pendant les audiences. Il est évidemment inadmissible qu’un juge rencontre les témoins pendant un procès en dehors de la salle d’audience, et à l’insu des gens impliqués. Même si c’est pour parler de la pluie et du beau temps. Quelle confiance auront les parents en ce juge, s’ils savent qu’il rencontre un témoin important seul à seul?
C’est tellement évident, clair et incontestable, que de ne pas même reconnaître qu’il y a un problème la disqualifie comme juge. Mais non, la juge Ruffo, l’amie des enfants, est incapable de dire : je pensais que ce n’était pas grave, mais je vois qu’il y a un problème. Impossible! Elle est la vertu incarnée.
Il n’y avait évidemment aucun problème non plus pour elle à faire suspendre son audience disciplinaire à ce sujet pour des raisons de santé… et de se présenter le soir même à TQS pour dire que ce qui lui arrive, « c’est un scandale! »
C’est ainsi qu’au fil des ans, elle s’est fabriqué un personnage médiatique fulgurant, inattaquable, qui « dit les vraies affaires ». L’émotion vertueuse qu’elle dégage balaie tout sur son passage. Les faits, d’abord, qui sont clairement exposés dans le jugement de la Cour d’appel du 9 décembre 2005 (voir sur jugements.qc.ca), que la Cour suprême a décidé hier de ne pas réexaminer. Mais bien sûr aussi les notions fondamentales de réserve, de modération, d’impartialité. Toutes choses terriblement grises et antiques, surtout à notre époque où il faut mettre ses tripes sur la table et s’exprimer impérativement.
Imaginons, demain, un juge de la chambre criminelle qui se lance dans une campagne contre la police, qu’il accuse d’incompétence crasse. Il y a des cas, vous savez! Si ce juge multiplie les conférences, les interventions médiatiques, commente des causes non terminées, rencontre des témoins en privé, que dira-t-on? Ou si un autre devient un militant de la sévérité des tribunaux, se répand en déclarations incendiaires contre le système de justice qui laisse courir les criminels? On dira qu’ils n’ont pas ce qu’il faut pour être juge.
Car toute cette affaire commencée il y a 18 ans nous ramène à cette question très vieille et très simple : qu’est-ce qu’un juge?
C’est une personne impartiale qui tranche des litiges selon la loi, de manière désintéressée. Devant lui, on ne doit pas craindre de ne pas être entendu, ou d’être bousculé parce qu’on est du « mauvais bord », du bord des « non-enfants » par exemple.
Andrée Ruffo vient de démissionner comme juge, mais elle l’était si peu qu’elle n’a fait qu’officialiser une situation qui dure depuis 20 ans. Merci vaillante BouLeAmites_ ça rejoint ce que j'avais entendu et lu.
Vendredi 19 mai 2006, A5
Yves Boisvert
Elle n’avait de juge que le titre
On ne m’en voudra pas, j’espère, de commencer par l’aspect humain de la démission de la juge Andrée Ruffo. Qu’adviendra-t-il de ses avocats? On s’habitue, j’imagine, à manufacturer des arguments juridiques aux frais du contribuable, on y prend goût!
Les deuxièmes victimes seront les médias. Depuis que je suis journaliste, Andrée Ruffo est un chouchou des médias. Elle combine la défense des enfants, la dénonciation des politiciens indifférents et la révolte contre un système bureaucratique et inhumain. Qui dit mieux?
Comme les autres, à la fin des années 80, il me semblait que cette femme-là était en chicane avec l’establishment juridico-social pour les bonnes raisons.
Après tout, la protection de la jeunesse n’était pas un sujet très à la mode il y a 20 ans. Elle osait prendre position pour dénoncer les manques de ressources.
Puis m’est apparu son incroyable manque de jugement. Aller parler d’une affaire qu’elle est en train de juger dans les médias, au point où les gens impliqués se reconnaissent, est évidemment une erreur, même si on prétend le faire pour la cause des enfants. Un juge n’aide personne s’il est obligé de se récuser à cause de ses commentaires, parce qu’on a l’impression qu’il a jugé l’affaire d’avance.
Envoyer des enfants au bureau de la ministre des Services sociaux sous prétexte que la DPJ fait fi de ses ordonnances, c’était spectaculaire, mais totalement illégal. S’il fallait que les juges qui estiment défendre une bonne cause se mettent à inventer des ordonnances, on n’en aurait pas fini. C’était aussi se servir des enfants en prétendant les défendre. Mais tellement sympathique!
On l’a vue plus tard joueur au commissaire-enquêteur et obliger un centre jeunesse à fournir tous les C.V. de ses employés le lendemain matin. Pourquoi? Elle remettait en doute la compétence de certains travailleurs sociaux.
Un peu plus tard, le narcissisme et la prétention du personnage sont ressortis. Si Andrée Ruffo était sur le point d’être destituée, ce n’est pas seulement à cause de ses fautes répétées. C’est aussi, surtout même, parce qu’elle ne se reconnaît pas la moindre faute. Elle se perçoit comme une perpétuelle victime.
Quand on lui a reproché d’avoir fait des publicités pour VIA Rail (sans rémunération), elle n’a évidemment pas compris. Que voulez-vous, elle aime le train, « ça fait partie de notre héritage ». Elle ne ferait pas de publicité pour Coca-Cola, « parce qu’il y a de la compétition ». On se demande pourquoi VIA fait de la pub, s’il n’y a pas de concurrence, et on se demande ce que les compagnies d’autocars en pensent; mais de toute manière, Andrée Ruffo est incapable de faire quoi que ce soit de mal, parce que tout ce qu’elle fait, c’est pour les enfants!
Dans son dernier dossier, on a démontré qu’elle avait entendu comme témoin une psychologue qui est son amie sans le déclarer aux parties. Or, cette psychologue recommandait le placement d’enfants dans une famille pour un an; l’autre expert suggérait une période de 14 ans. Son opinion était donc hautement importante et au coeur du litige.
Deuxième erreur, plus grave, la juge Ruffo a rencontré cette amie deux fois, sans la présence des parties, pendant les audiences. Il est évidemment inadmissible qu’un juge rencontre les témoins pendant un procès en dehors de la salle d’audience, et à l’insu des gens impliqués. Même si c’est pour parler de la pluie et du beau temps. Quelle confiance auront les parents en ce juge, s’ils savent qu’il rencontre un témoin important seul à seul?
C’est tellement évident, clair et incontestable, que de ne pas même reconnaître qu’il y a un problème la disqualifie comme juge. Mais non, la juge Ruffo, l’amie des enfants, est incapable de dire : je pensais que ce n’était pas grave, mais je vois qu’il y a un problème. Impossible! Elle est la vertu incarnée.
Il n’y avait évidemment aucun problème non plus pour elle à faire suspendre son audience disciplinaire à ce sujet pour des raisons de santé… et de se présenter le soir même à TQS pour dire que ce qui lui arrive, « c’est un scandale! »
C’est ainsi qu’au fil des ans, elle s’est fabriqué un personnage médiatique fulgurant, inattaquable, qui « dit les vraies affaires ». L’émotion vertueuse qu’elle dégage balaie tout sur son passage. Les faits, d’abord, qui sont clairement exposés dans le jugement de la Cour d’appel du 9 décembre 2005 (voir sur jugements.qc.ca), que la Cour suprême a décidé hier de ne pas réexaminer. Mais bien sûr aussi les notions fondamentales de réserve, de modération, d’impartialité. Toutes choses terriblement grises et antiques, surtout à notre époque où il faut mettre ses tripes sur la table et s’exprimer impérativement.
Imaginons, demain, un juge de la chambre criminelle qui se lance dans une campagne contre la police, qu’il accuse d’incompétence crasse. Il y a des cas, vous savez! Si ce juge multiplie les conférences, les interventions médiatiques, commente des causes non terminées, rencontre des témoins en privé, que dira-t-on? Ou si un autre devient un militant de la sévérité des tribunaux, se répand en déclarations incendiaires contre le système de justice qui laisse courir les criminels? On dira qu’ils n’ont pas ce qu’il faut pour être juge.
Car toute cette affaire commencée il y a 18 ans nous ramène à cette question très vieille et très simple : qu’est-ce qu’un juge?
C’est une personne impartiale qui tranche des litiges selon la loi, de manière désintéressée. Devant lui, on ne doit pas craindre de ne pas être entendu, ou d’être bousculé parce qu’on est du « mauvais bord », du bord des « non-enfants » par exemple.
Andrée Ruffo vient de démissionner comme juge, mais elle l’était si peu qu’elle n’a fait qu’officialiser une situation qui dure depuis 20 ans. Merci vaillante BouLeAmites_ ça rejoint ce que j'avais entendu et lu.
BouleAMites_ a écritOui, mais j'ai mon doigté, donc ça n'a pas été bien long... C'était surtout d'aller trouver l'article et de m'asseoir pour le faire!
Merci ,pour ce texte ,un autre revers de médaille ,qui ne me laisse pas indifférente
je reste songeuse ,aussi avec beaucoups de questionnements a son sujet
Merci ,pour ce texte ,un autre revers de médaille ,qui ne me laisse pas indifférente
je reste songeuse ,aussi avec beaucoups de questionnements a son sujet