Au Parti Québécois, nous sommes capables d'avoir plus qu'une priorité. Comme disait Jacques Parizeau, on est capable de mâcher de la gomme et marcher en même temps
Si on se fie au programme de juin 2005, il est dit très nettement que l'éducation et l'environnement seront les deux champs de bataille les plus urgents dans un Québec souverain. L'éducation pour renouveler les spécialistes et ainsi mieux contrer les conséquences du vieillissement de la population, et l'environnement vu sa dégradation dramatique.
Dans le fonds, le programme de juin 2005 à instaurer un nouvel argument pour la souveraineté. Soit que la souveraineté était nécessaire pour mettre en marche les réformes désirées en éducation et en environnement D'où le Québec bleu et vert et instruit. Jamais la souveraineté n'a passé en second plan dans le programme ou dans le discours de Boisclair.
D'ailleurs, voilà 3 semaines j'ai assisté à un discours de Boisclair en vue des prochaines élections. Encore une fois, il a affirmé que pour la prochaine élection, il allait insister sur deux points. Premièrement, le fait qu'on ne puisse faire confiance au gouvernement libéral, deuxièmement, l'importance de la souveraineté ! (notamment pour l'éducation et l'environnement)
Andre Boisclair....et le programme du PQ
La Presse
Dimanche 15 octobre 2006
Paul Roy
Une autre session parlementaire débute mardi, à l'Assemblée nationale. Les trois chefs de partis qui s'y affronteront ont en commun d'avoir fait de la politique active presque toute leur vie adulte. André Boisclair, le chef péquiste, a été élu pour la première fois à 23 ans. Mario Dumont, le chef adéquiste, l'a été à 24 ans. Quant au premier ministre libéral Jean Charest, il a été élu une première fois député fédéral à 26 ans.
Auparavant, il avait trouvé le temps de pratiquer le droit quelques années. Normalement, cette session devrait se poursuivre jusqu'au 23 décembre, au plus tard. Elle pourrait cependant être écourtée, advenant le déclenchement d'élections vers la fin du mois. En attendant, les forces en présence sont les suivantes: PLQ, 73 députés; PQ, 46 députés; ADQ, 5 députés; 1 député indépendant. Deux autres partis aimeraient faire leur entrée à l'Assemblée nationale: Québec solidaire, dont la porte-parole est la militante Françoise David, et le Parti vert, dirigé par l'écologiste Scott McKay?. La Presse vous présente aujourd'hui, demain et mardi les leaders de ces cinq formations.
C'est vers André Boisclair que se tourneront les regards quand l'Assemblée nationale reprendra ses travaux, à 10h, mardi.
Il faut dire que le tout nouveau chef de l'opposition a suscité sa part d'interrogations et de critiques depuis son élection à la tête du Parti québécois, le 15 novembre dernier.
On lui a reproché son absence des débats. On s'est demandé s'il avait la stature de ses prédécesseurs, les Bernard Landry, Lucien Bouchard, Jacques Parizeau, René Lévesque...
- Avez-vous le trac?
- Non. Je ne crois pas à la politique spectacle. Je crois que les Québécois veulent assister à autre chose qu'à un match de boxe. Le défi, pour moi, c'est de mobiliser les gens, faire une critique dure du gouvernement de M. Charest. Ce n'est pas une affaire d'une seule journée.
Le 21 août dernier, André Boisclair était assermenté comme député de Pointe-aux-Trembles. Après avoir juré allégeance à sa Majesté Elizabeth II et au peuple du Québec, il avait eu des mots touchants pour sa famille.
"Vous me permettrez, d'entrée de jeu, de me tourner vers mon frère, vers sa conjointe Julie, vers mon père, qui ne pouvait être ici aujourd'hui, mais qui nous écoute par l'entremise de la télévision, pour d'abord leur dire merci (...)"
Le chef du Parti québécois, a une toute petite famille: un frère cadet, Philippe, et leur père, un homme d'affaires prospère qui souffre aujourd'hui de la maladie d'Alzheimer. À l'intention de son frère, il ajoutera: "Et je veux dire à mon frère que je l'aime beaucoup, et merci d'être là pour partager ces moments."
Il parlera ensuite de l'Assemblée nationale, où il dit avoir grandi. Il y est entré à 23 ans, il en a aujourd'hui 40. Il parlera de ses nouveaux électeurs de Pointe-aux-Trembles, une circonscrïption de l'est de Montréal, "habitée par des gens fiers, par des gens talentueux (...) des gens habités d'une grande confiance, des gens qui n'ont pas peur de relever les défis qui se posent à eux".
Il dénoncera le "laisser-faire économique" du gouvernement Charest, et il soulèvera la salle en lançant: "Oui, le Québec sera bientôt souverain."
Justement, la souveraineté...
En conférence de presse, tout de suite après sa prestation de serment, André Boisclair a été interrogé avec insistance sur sa stratégie référendaire - après tout, ne s'est-il pas rallié entièrement au programme du parti décrétant qu'un référendum serait tenu le plus tôt possible à l'intérieur d'un prochain mandat péquiste?
"Écoutez, là, je ne commencerai pas à faire de stratégie ouverte ici, aujourd'hui, monsieur, là. Est-ce que quelqu'un connaît ici la date de l'élection? Je l'ignore tout comme vous."
Le journaliste insistera. Et insistera encore. André Boisclair mettra fin à l'échange en décrétant: "J'ai répondu à votre question, monsieur. Une autre question."
Elle ressurgira, cette question du référendum. Elle a ressurgi il y a 10 jours au caucus pré-sessionnel du PQ. Et elle ressurgira probablement avec plus d'insistance quand elle sortira de la bouche du premier ministre.
Le référendum risque d'être un boulet au pied d'André Boisclair, croient plusieurs observateurs, dont Robert Bernier, professeur à l'École nationale d'administration publique (ENAP). "La recherche le dit clairement, les Québécois ne veulent pas de référendum", constate ce politologue, spécialiste du marketing électoral, auteur de plusieurs ouvrages, et qui fut conseiller de plusieurs ministres fédéraux et provinciaux - le professeur Bernier se décrit comme fédéraliste.
"Ce n'est pas un handicap, la souveraineté! proteste André Boisclair en entrevue. Il y a plus de souverainistes que de péquistes en ce moment."
Et quand on le ramène sur le terrain référendaire, il ressort son: "Je ne suis pas un référendiste, je suis un souverainiste."
Plus tard, il ajoutera: "Ce n'est pas le processus qui m'importe, c'est le résultat. Ce dont je veux parler aux Québécois, c'est pas de référendum, c'est de liberté (...) La date du référendum, va-t-on commencer à réfléchir sur le mois, la saison, le quartier de lune?"
Une route cahoteuse
Pour André Boisclair, la route vers les prochaines élections, qu'elles aient lieu cet automne ou plus tard, risque d'être cahoteuse. Heureusement pour lui, il a eu amplement l'occasion d'apprivoiser l'adversité depuis son retour de Harvard - où il a décroché une maîtrise en administration publique -, au printemps 2005.
Il s'en allait à Toronto occuper un emploi chez McKinsey? & Company, une grande société de consultants, quand Bernard Landry a démissionné de son poste de leader du Parti québécois et chef de l'opposition. Voilà André Boisclair dans la course à sa succession.
Il est, avec Pauline Marois, l'un des deux favoris. Moins expérimenté que son aînée, il a tout de même dirigé plusieurs ministères. C'est à l'Environnement que son passage sera le plus remarqué: gestion des forêts, politique de l'eau, etc. Son moratoire sur les mégaporcheries lui mettra cependant le monde agricole à dos.
Pour le reste, il est jeune, grand, sportif - randonneur, il a déjà foulé les sentiers du Kilimandjaro -, et s'il est ouvertement homosexuel, cela ne semble pas être un handicap aux yeux, à tout le moins, des militants péquistes. Il l'emportera aisément.
Il était d'ailleurs sorti du placard bien avant le début de la course à la direction. Mais il y avait laissé un squelette, qu'on a eu tôt fait de découvrir: alors qu'il était ministre du gouvernement Bouchard, il a "sniffé" de la cocaïne.
Les journalistes le talonnent: "Combien de fois, avec qui, d'où venait la coke?" Il s'emporte, crie à l'agression, tourne les talons... Les chroniqueurs et les éditorialistes prennent le relais: "Erreur de jeunesse? Mais vous étiez ministre!" Disons qu'il vivra des moments difficiles.
Une fois élu chef, on lui reprochera son absence de contenu, ses "discours creux" et "grandiloquents", sa suffisance, ses airs de grand seigneur...
- De méchantes langues disent que vous êtes hautain, suffisant...
- J'entends ça.
- Et qu'à l'époque où vous étiez ministre, vous n'étiez pas le plus populaire, parmi vos collègues...
- J'ai mené des batailles politiques qui n'étaient pas toujours faciles (...) Je suis un gars qui a de l'assurance. Certains y voient de l'arrogance. J'ai de l'assurance et j'ai confiance dans les moyens du peuple québécois.
"Suffisant, mon frère? Ceux qui disent ça ne passent pas beaucoup de temps avec lui, proteste son frère, Philippe. Je l'ai accompagné lors d'une tournée en Abitibi, et il fallait le voir entrer dans un restaurant, s'asseoir et piquer une jasette avec le monde!"
François Gendron, député d'Abitibi-Ouest, n'était pas un partisan d'André Boisclair lors de la course à la direction. Mais quand nous lui avons demandé s'il trouvait son chef hautain et distant, il a eu cette réponse: "Tout ça est exagéré. Et encore là, c'est pas majeur. Ce qui est majeur, c'est sa tête, sa compétence. Dans une nouvelle fonction, y a de l'apprentissage à faire. Il est assez intelligent - parce qu'il l'est en étoile! -, il va apprendre."
Mario Dumont, le chef de l'Action démocratique du Québec, est bien sûr un adversaire politique d'André Boisclair. Mais il l'est tout autant du premier ministre Jean Charest. Il ne se gêne d'ailleurs pas pour les critiquer, l'un et l'autre.
Par contre, quand on lui demande de comparer les deux hommes sur le plan personnel, il pouffe de rire. "Disons que si t'as une fin de semaine de libre pour aller à la pêche, t'es mieux avec Charest."
Des critiques exagérées
Et le manque de contenu, l'absence d'idées? "Je trouve que c'est un reproche qui est tout à fait injuste", s'insurge Joseph Facal, un ex-ministre péquiste aujourd'hui professeur et chroniqueur, qui n'appuyait pas lui non plus André Boisclair lors de la course à la direction.
"Je trouve qu'une bonne partie des critiques qui lui sont adressées sont exagérées et injustes. Pour l'essentiel, il vient d'arriver. Je trouve tout à fait normal que l'on donne à quelqu'un qui hérite d'une situation dont il n'est pas le créateur, le temps de peaufiner ses idées et son message."
Gilles Duceppe, le chef du Bloc québécois, va un peu dans le même sens que M. Facal. "Un discours creux? Je ne crois pas. On m'a déjà dit la même chose, que je n'avais rien à dire. Et on s'est aperçu que j'avais des choses intéressantes à dire."
La plupart des personnes interrogées par La Presse croient qu'André Boisclair va bien réussir dans son rôle de chef de l'opposition à l'Assemblée nationale. "Je n'ai aucune inquiétude pour lui, affirme le professeur Robert Bernier. C'est un cadre qui lui sied bien, un cadre formel qui s'inscrit bien avec sa personnalité un peu plus fermée, distante."
Selon M. Bernier, sa performance face à l'électorat risque d'être plus laborieuse. "Quand il tente de s'adapter au consommateur électoral, ça devient un peu artificiel et ça nuit à l'établissement d'un fond de confiance avec la population, comme on dit en marketing électoral."
Pour le politologue Jean-Herman Guay, de l'Université de Sherbrooke, André Boisclair doit absolument commencer à être performant s'il espère devenir premier ministre. Qu'il démontre qu'il en a la stature. Parce que maintenant, les péquistes sont "en mode regret". "Depuis son élection, le PQ a glissé dans les sondages. La baisse n'est pas due uniquement à lui, mais l'hémorragie doit s'arrêter."
Encadré(s) :
ANDRÉ BOISCLAIR
40 ans.
Célibataire.
Études en sciences économiques (UdeM) et en administration publique (Harvard).
Député péquiste de Gouin de 1989 à 2004.
Ministre de 1996 à 2003.
Élu chef du Parti québécois le 15 novembre 2005.
Élu député de Pointe-aux-Trembles le 14 avril 2006.
Chef de l'opposition officielle depuis le 21 août 2006.
Dimanche 15 octobre 2006
Paul Roy
Une autre session parlementaire débute mardi, à l'Assemblée nationale. Les trois chefs de partis qui s'y affronteront ont en commun d'avoir fait de la politique active presque toute leur vie adulte. André Boisclair, le chef péquiste, a été élu pour la première fois à 23 ans. Mario Dumont, le chef adéquiste, l'a été à 24 ans. Quant au premier ministre libéral Jean Charest, il a été élu une première fois député fédéral à 26 ans.
Auparavant, il avait trouvé le temps de pratiquer le droit quelques années. Normalement, cette session devrait se poursuivre jusqu'au 23 décembre, au plus tard. Elle pourrait cependant être écourtée, advenant le déclenchement d'élections vers la fin du mois. En attendant, les forces en présence sont les suivantes: PLQ, 73 députés; PQ, 46 députés; ADQ, 5 députés; 1 député indépendant. Deux autres partis aimeraient faire leur entrée à l'Assemblée nationale: Québec solidaire, dont la porte-parole est la militante Françoise David, et le Parti vert, dirigé par l'écologiste Scott McKay?. La Presse vous présente aujourd'hui, demain et mardi les leaders de ces cinq formations.
C'est vers André Boisclair que se tourneront les regards quand l'Assemblée nationale reprendra ses travaux, à 10h, mardi.
Il faut dire que le tout nouveau chef de l'opposition a suscité sa part d'interrogations et de critiques depuis son élection à la tête du Parti québécois, le 15 novembre dernier.
On lui a reproché son absence des débats. On s'est demandé s'il avait la stature de ses prédécesseurs, les Bernard Landry, Lucien Bouchard, Jacques Parizeau, René Lévesque...
- Avez-vous le trac?
- Non. Je ne crois pas à la politique spectacle. Je crois que les Québécois veulent assister à autre chose qu'à un match de boxe. Le défi, pour moi, c'est de mobiliser les gens, faire une critique dure du gouvernement de M. Charest. Ce n'est pas une affaire d'une seule journée.
Le 21 août dernier, André Boisclair était assermenté comme député de Pointe-aux-Trembles. Après avoir juré allégeance à sa Majesté Elizabeth II et au peuple du Québec, il avait eu des mots touchants pour sa famille.
"Vous me permettrez, d'entrée de jeu, de me tourner vers mon frère, vers sa conjointe Julie, vers mon père, qui ne pouvait être ici aujourd'hui, mais qui nous écoute par l'entremise de la télévision, pour d'abord leur dire merci (...)"
Le chef du Parti québécois, a une toute petite famille: un frère cadet, Philippe, et leur père, un homme d'affaires prospère qui souffre aujourd'hui de la maladie d'Alzheimer. À l'intention de son frère, il ajoutera: "Et je veux dire à mon frère que je l'aime beaucoup, et merci d'être là pour partager ces moments."
Il parlera ensuite de l'Assemblée nationale, où il dit avoir grandi. Il y est entré à 23 ans, il en a aujourd'hui 40. Il parlera de ses nouveaux électeurs de Pointe-aux-Trembles, une circonscrïption de l'est de Montréal, "habitée par des gens fiers, par des gens talentueux (...) des gens habités d'une grande confiance, des gens qui n'ont pas peur de relever les défis qui se posent à eux".
Il dénoncera le "laisser-faire économique" du gouvernement Charest, et il soulèvera la salle en lançant: "Oui, le Québec sera bientôt souverain."
Justement, la souveraineté...
En conférence de presse, tout de suite après sa prestation de serment, André Boisclair a été interrogé avec insistance sur sa stratégie référendaire - après tout, ne s'est-il pas rallié entièrement au programme du parti décrétant qu'un référendum serait tenu le plus tôt possible à l'intérieur d'un prochain mandat péquiste?
"Écoutez, là, je ne commencerai pas à faire de stratégie ouverte ici, aujourd'hui, monsieur, là. Est-ce que quelqu'un connaît ici la date de l'élection? Je l'ignore tout comme vous."
Le journaliste insistera. Et insistera encore. André Boisclair mettra fin à l'échange en décrétant: "J'ai répondu à votre question, monsieur. Une autre question."
Elle ressurgira, cette question du référendum. Elle a ressurgi il y a 10 jours au caucus pré-sessionnel du PQ. Et elle ressurgira probablement avec plus d'insistance quand elle sortira de la bouche du premier ministre.
Le référendum risque d'être un boulet au pied d'André Boisclair, croient plusieurs observateurs, dont Robert Bernier, professeur à l'École nationale d'administration publique (ENAP). "La recherche le dit clairement, les Québécois ne veulent pas de référendum", constate ce politologue, spécialiste du marketing électoral, auteur de plusieurs ouvrages, et qui fut conseiller de plusieurs ministres fédéraux et provinciaux - le professeur Bernier se décrit comme fédéraliste.
"Ce n'est pas un handicap, la souveraineté! proteste André Boisclair en entrevue. Il y a plus de souverainistes que de péquistes en ce moment."
Et quand on le ramène sur le terrain référendaire, il ressort son: "Je ne suis pas un référendiste, je suis un souverainiste."
Plus tard, il ajoutera: "Ce n'est pas le processus qui m'importe, c'est le résultat. Ce dont je veux parler aux Québécois, c'est pas de référendum, c'est de liberté (...) La date du référendum, va-t-on commencer à réfléchir sur le mois, la saison, le quartier de lune?"
Une route cahoteuse
Pour André Boisclair, la route vers les prochaines élections, qu'elles aient lieu cet automne ou plus tard, risque d'être cahoteuse. Heureusement pour lui, il a eu amplement l'occasion d'apprivoiser l'adversité depuis son retour de Harvard - où il a décroché une maîtrise en administration publique -, au printemps 2005.
Il s'en allait à Toronto occuper un emploi chez McKinsey? & Company, une grande société de consultants, quand Bernard Landry a démissionné de son poste de leader du Parti québécois et chef de l'opposition. Voilà André Boisclair dans la course à sa succession.
Il est, avec Pauline Marois, l'un des deux favoris. Moins expérimenté que son aînée, il a tout de même dirigé plusieurs ministères. C'est à l'Environnement que son passage sera le plus remarqué: gestion des forêts, politique de l'eau, etc. Son moratoire sur les mégaporcheries lui mettra cependant le monde agricole à dos.
Pour le reste, il est jeune, grand, sportif - randonneur, il a déjà foulé les sentiers du Kilimandjaro -, et s'il est ouvertement homosexuel, cela ne semble pas être un handicap aux yeux, à tout le moins, des militants péquistes. Il l'emportera aisément.
Il était d'ailleurs sorti du placard bien avant le début de la course à la direction. Mais il y avait laissé un squelette, qu'on a eu tôt fait de découvrir: alors qu'il était ministre du gouvernement Bouchard, il a "sniffé" de la cocaïne.
Les journalistes le talonnent: "Combien de fois, avec qui, d'où venait la coke?" Il s'emporte, crie à l'agression, tourne les talons... Les chroniqueurs et les éditorialistes prennent le relais: "Erreur de jeunesse? Mais vous étiez ministre!" Disons qu'il vivra des moments difficiles.
Une fois élu chef, on lui reprochera son absence de contenu, ses "discours creux" et "grandiloquents", sa suffisance, ses airs de grand seigneur...
- De méchantes langues disent que vous êtes hautain, suffisant...
- J'entends ça.
- Et qu'à l'époque où vous étiez ministre, vous n'étiez pas le plus populaire, parmi vos collègues...
- J'ai mené des batailles politiques qui n'étaient pas toujours faciles (...) Je suis un gars qui a de l'assurance. Certains y voient de l'arrogance. J'ai de l'assurance et j'ai confiance dans les moyens du peuple québécois.
"Suffisant, mon frère? Ceux qui disent ça ne passent pas beaucoup de temps avec lui, proteste son frère, Philippe. Je l'ai accompagné lors d'une tournée en Abitibi, et il fallait le voir entrer dans un restaurant, s'asseoir et piquer une jasette avec le monde!"
François Gendron, député d'Abitibi-Ouest, n'était pas un partisan d'André Boisclair lors de la course à la direction. Mais quand nous lui avons demandé s'il trouvait son chef hautain et distant, il a eu cette réponse: "Tout ça est exagéré. Et encore là, c'est pas majeur. Ce qui est majeur, c'est sa tête, sa compétence. Dans une nouvelle fonction, y a de l'apprentissage à faire. Il est assez intelligent - parce qu'il l'est en étoile! -, il va apprendre."
Mario Dumont, le chef de l'Action démocratique du Québec, est bien sûr un adversaire politique d'André Boisclair. Mais il l'est tout autant du premier ministre Jean Charest. Il ne se gêne d'ailleurs pas pour les critiquer, l'un et l'autre.
Par contre, quand on lui demande de comparer les deux hommes sur le plan personnel, il pouffe de rire. "Disons que si t'as une fin de semaine de libre pour aller à la pêche, t'es mieux avec Charest."
Des critiques exagérées
Et le manque de contenu, l'absence d'idées? "Je trouve que c'est un reproche qui est tout à fait injuste", s'insurge Joseph Facal, un ex-ministre péquiste aujourd'hui professeur et chroniqueur, qui n'appuyait pas lui non plus André Boisclair lors de la course à la direction.
"Je trouve qu'une bonne partie des critiques qui lui sont adressées sont exagérées et injustes. Pour l'essentiel, il vient d'arriver. Je trouve tout à fait normal que l'on donne à quelqu'un qui hérite d'une situation dont il n'est pas le créateur, le temps de peaufiner ses idées et son message."
Gilles Duceppe, le chef du Bloc québécois, va un peu dans le même sens que M. Facal. "Un discours creux? Je ne crois pas. On m'a déjà dit la même chose, que je n'avais rien à dire. Et on s'est aperçu que j'avais des choses intéressantes à dire."
La plupart des personnes interrogées par La Presse croient qu'André Boisclair va bien réussir dans son rôle de chef de l'opposition à l'Assemblée nationale. "Je n'ai aucune inquiétude pour lui, affirme le professeur Robert Bernier. C'est un cadre qui lui sied bien, un cadre formel qui s'inscrit bien avec sa personnalité un peu plus fermée, distante."
Selon M. Bernier, sa performance face à l'électorat risque d'être plus laborieuse. "Quand il tente de s'adapter au consommateur électoral, ça devient un peu artificiel et ça nuit à l'établissement d'un fond de confiance avec la population, comme on dit en marketing électoral."
Pour le politologue Jean-Herman Guay, de l'Université de Sherbrooke, André Boisclair doit absolument commencer à être performant s'il espère devenir premier ministre. Qu'il démontre qu'il en a la stature. Parce que maintenant, les péquistes sont "en mode regret". "Depuis son élection, le PQ a glissé dans les sondages. La baisse n'est pas due uniquement à lui, mais l'hémorragie doit s'arrêter."
Encadré(s) :
ANDRÉ BOISCLAIR
40 ans.
Célibataire.
Études en sciences économiques (UdeM) et en administration publique (Harvard).
Député péquiste de Gouin de 1989 à 2004.
Ministre de 1996 à 2003.
Élu chef du Parti québécois le 15 novembre 2005.
Élu député de Pointe-aux-Trembles le 14 avril 2006.
Chef de l'opposition officielle depuis le 21 août 2006.
L'Actualité
Édition du 15 octobre 2006
par Carole Beaulieu et Michel Vastel
L'avenir du Parti québécois est entre ses mains. Le pouvoir, au bout du chemin. Le pays du Québec? Dans quelques années, si on en croit André Boisclair. Pour y arriver, il entend «coaliser» tous les souverainistes. Son seul adversaire, dit-il, est la peur. Celle des Québécois.
«Boubou» (Robert Bourassa), «Ti-Poil» (René Lévesque), «Monsieur» (Jacques Parizeau)… Les Québécois aiment donner un surnom familier à leurs chefs. André Boisclair n’en a pas. Pas encore. Il ne croit pas que cela dénote un déficit d’affection. «André» lui suffit.
Son père, officier de la Marine, avait fondé ses convictions souverainistes sur la frustration vis-à-vis des Anglais. Lui a grandi avec la loi 101, après que la Révolution tranquille fut achevée, que les «trois colombes» furent passées par Ottawa. À 40 ans, André Boisclair est rendu ailleurs. Les Jésuites du collège Brébeuf et les penseurs de la John F. Kennedy School of Government ont fait de lui un citoyen du monde.
Recruté par Jacques Parizeau — qui le conseille toujours —, nommé ministre au lendemain d’un deuxième référendum perdu, il connaît bien le Parti québécois et «ne le craint pas». D’ailleurs, il en est devenu le chef dès le premier tour de scrutin, après une campagne dure où tous ses péchés de jeunesse furent étalés par ses sept adversaires.
André Boisclair ne craint rien que la peur des autres, «cette peur des Québécois, cette insécurité, ce manque de confiance des gens qui pensent encore que nous ferions mieux d’investir dans un débat sur les relations fédérales-provinciales plutôt que dans notre pleine responsabilité».
Pendant 90 minutes, le nouveau député de Pointe-aux-Trembles a répondu à toutes les questions de L’actualité avec une assurance et une franchise désarmantes. Le chef du PQ se livre facilement, au point d’en être parfois vulnérable. Il peut être blessé aussi…
Il s’est soudain raidi lorsque nous avons abordé la question de son orientation sexuelle. Mais il a aussi grandi avec la Charte des droits et libertés: «Je suis, à ma façon, par mon engagement politique, un artisan de cette liberté. Je l’exerce, en tout cas, cette liberté, et j’ai confiance dans le jugement du peuple québécois.» L’actualité l’a rencontré à son bureau de chef de l’opposition, à Montréal.
Êtes-vous prêt?
— Rire Le défi est toujours de se mettre en situation bien avant que les événements se produisent. Je suis en train de réfléchir à ce que je ferai, à la façon dont je me comporterai, aux valeurs qui m’animeront, aux équipes avec lesquelles je travaillerai, ainsi qu’aux premiers gestes, aux premières déclarations, aux symboles. Je passe beaucoup de temps, seul, à réfléchir à ces questions.
Vous pensez donc à ce soir d’élection où, soudain, vous serez premier ministre?
— Bien sûr que j’y pense! Je pense à la responsabilité, à mon devoir, et aussi à l’immense privilège qui me sera alors accordé. D’ailleurs, j’y pense tellement que je me contrains aujourd’hui dans ce que je fais ou ne fais pas. Jean Charest a creusé sa tombe lorsqu’il était dans l’opposition. Il a fédéré tous les insatisfaits. Il a dit oui à tous et signé de sa main des engagements pour les séduire. Le lendemain des élections, il les a laissés tomber. Moi, je préfère subir une certaine critique alors que je suis chef de l’opposition, parce que je tiens à protéger ma crédibilité pour le jour où je serai premier ministre. Je préserve entièrement ma marge de manœuvre. Si je fais tellement attention, c’est que je sais que la plus grande marque distinctive du PQ est d’avoir respecté ses engagements électoraux.
Chercherez-vous l’appui des membres de Québec solidaire et de l’Action démocratique?
— Au lendemain du jour où je serai élu premier ministre, tous les souverainistes seront les bienvenus à ma table. Et je fais tout ce qui doit être fait afin de pouvoir les coaliser. Pour la veille du débat référendaire, je pense à une coalition politique, certes, mais également à une coalition de tous ceux qui participent à l’État québécois, ce qui inclut les gens des milieux municipaux et aussi des milieux régionaux.
«Coalition» de gens bienvenus à votre «table»?
— On va commencer par un bon souper!
Soyons sérieux… S’agit-il de la «table» du Conseil des ministres, d’un gouvernement de «coalition»?
— Je ne commencerai pas à former un conseil des ministres aujourd’hui. Pour mener une campagne référendaire, je suis prêt à parler… Mais en ce moment, je suis avec les 140 000 membres de mon parti, qui ont travaillé fort pour rédiger un programme que j’apprécie. C’est le PQ qui a la crédibilité, la meilleure équipe et la meilleure réputation pour engager au Québec un débat sur l’avenir national…
Êtes-vous certain de convaincre?
— Mon idée n’est pas de faire revivre René Lévesque. Il était plus grand que jamais je ne le serai, il avait des talents qui ne sont pas les miens. Mais je veux dire aux Québécois que l’horloge du temps ne s’est pas arrêtée avec le zonage agricole, la loi 101, la création de la Société de l’assurance automobile du Québec, et qu’il y a encore un avenir aussi intéressant pour le Québec qu’il y en avait un en 1976… Je suis capable de réunir autour d’une même table des gens de compétence égale à celle des gens que Lévesque avait réunis à l’époque. Une génération plus tard, il n’y a rien d’arrogant à dire qu’on va même essayer de faire mieux!
Si, devenu premier ministre, vous apprenez qu’un de vos jeunes ministres consomme de la cocaïne, que faites-vous?
— Je lui offre toute mon aide, comme c’est déjà arrivé avec des ministres de Robert Bourassa qui prenaient de l’alcool et se sont absentés pendant un certain temps de l’Assemblée nationale.
Le Parti québécois d’André Boisclair est-il différent de celui de Landry, de Parizeau ou de Lévesque?
— C’est un parti où, grâce en particulier au travail de Jacques Parizeau, il y a de la cohérence sur le plan idéologique. C’est Parizeau qui a réglé tous les débats en disant: «On est souverainistes avant, pendant et après la campagne électorale.» Il a ajouté un chapitre important à la doctrine du PQ. Bernard Landry a rajouté le sien en disant: «Peu importe comment on appelle le type d’association qu’on souhaite avec le reste du Canada, on tient à assurer la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes.» Ce sont des éléments importants de la doctrine du Parti québécois, qui font aujourd’hui consensus. Le PQ est aussi un parti capable de parler de social-démocratie en termes nouveaux. Nous sommes des sociaux-démocrates qui ne craignent pas le privé. Nous nous intéressons autant à la gestion du développement qu’à la gestion du dénuement. Nous sommes résolument libres-échangistes, mais aussi clairement humanistes. Sur le fond, on peut affirmer sans crainte que les bonnes politiques publiques font appel aux compétences de l’État, des secteurs communautaires et de l’économie sociale, et du secteur privé. L’espace commun entre l’économie sociale, le public et le privé est appelé à grandir avec le temps.
Il faut donc favoriser davantage la coopération des trois secteurs?
— Je ne vois pas l’appareil de l’État comme un adversaire. Je le vois au contraire comme un allié du développement économique. L’État a encore un rôle déterminant à jouer, car le «nous» collectif peut faire la différence. En matière d’éducation et de capital humain, tout comme pour la protection de l’environnement ou la protection et le développement de la culture, il n’y a pas de compromis à faire quant au rôle que l’État doit jouer…
Y a-t-il des choses que Jean Charest aura réalisées et que vous voudrez défaire?
— Je vais solliciter un mandat pour remplir des engagements politiques que j’aurai pris devant la population, de façon formelle. Le défi n’est pas de m’employer à corriger tout ce que les libéraux auront fait de mal: j’en aurais pour tout un mandat! Je crois en la continuité de l’État. Des correctifs devront être apportés, entre autres aux politiques budgétaires du gouvernement libéral. Quelques priorités, parmi celles que je rendrai publiques au moment de la campagne électorale, pourraient nous amener à revoir, çà et là, un certain nombre de choses. Le mont Orford est un bon exemple: je suis contre ce projet, jamais je n’aurais envisagé la privatisation d’un parc national. Mais je ne sais pas quand les élections auront lieu… Si des condos sont construits et que des gens les ont achetés, je n’irai pas passer le «bull» là-dedans et mettre des centaines de millions de dollars pour exproprier. On verra où on en sera au moment des élections. Je sais que, dans l’opposition, il faut apprendre à gérer le temps.
Les garderies à sept dollars, c’est aussi irréversible?
— Je ne pense pas qu’il y aura d’engagement du PQ à revenir en arrière. Le débat a porté sur le gel du tarif plutôt que sur le service offert aux parents et l’importance de ce service-là pour toute la population québécoise. Ce n’est pas là-dessus que portera le débat. Et je ne pense pas que ce soit une bonne politique de dire qu’on va geler un tarif à jamais…
Êtes-vous prêt à promettre un «bon gouvernement»?
— La jeune génération est ailleurs! Le débat sur le «bon gouvernement» ne nous intéresse pas. Il est clair que si les gens votent pour le Parti québécois, ils s’attendront à ce qu’il y ait un référendum sur la souveraineté. Et les gens ont déjà vu le PQ au pouvoir: un parti social-démocrate qui a bien gouverné et qui a laissé des réformes qui font encore école aujourd’hui. Les gens ne se posent plus la question: «Est-ce que les péquistes seront un bon gouvernement? Est-ce qu’ils vont parler de la souveraineté?» Mais si on veut être un bon gouvernement, il nous faut la souveraineté. J’ai vu gouverner au lendemain d’un référendum, j’ai été ministre et j’ai vu la situation dans laquelle le Québec s’est retrouvé.
Ce sera votre lot pendant un an ou deux, alors que vous dirigerez un gouvernement «provincial»…
— Le gouvernement que je dirigerai ne pratiquera pas la politique de la chaise vide. Jacques Parizeau avait cette belle formule: on est capables de marcher et de mâcher de la gomme en même temps.
Sauf qu’il voulait passer à l’étape référendaire «le plus tôt possible», «dans l’année»…
— Il a même dit «dans les 100 jours»! C’est sûr que les ministères de la Santé ou de l’Éducation continueront de fournir des services à la population, que les gens continueront de recevoir des chèques d’aide sociale. L’État sera bien administré. Mais peut-on exiger, pour une fois, que nos élus soient autre chose que de bons administrateurs? Le défi est d’être aussi de bons leaders, de ne pas avoir peur de prendre à bras-le-corps des questions difficiles.
Quelles questions?
— Un des défis qui se poseront à moi, au lendemain des élections, sera de me demander comment cela pourra devenir clair, dans l’esprit de tous, que la souveraineté que nous souhaitons n’est pas seulement celle du gouvernement du Québec, mais celle de l’État du Québec. Le défi ne sera pas de remplacer des feuilles d’érable par des fleurs de lys sur les chèques. Le défi n’est pas nécessairement de réfléchir au type de partenariat qu’on voudrait avec le reste du Canada. Cela m’apparaît assez clair… Peut-être qu’on devrait plutôt réfléchir à une entente avec nous-mêmes, entre Québécois, et notamment avec le monde municipal. Comment pourra-t-on organiser un État québécois et quelles sont les compétences qui devraient être dévolues aux régions et aux municipalités? On pourrait même penser à faire quelque chose avec le monde municipal avant le référendum…
Le débat ne risque-t-il pas aussi d’être un débat entre les générations?
— Les références culturelles des jeunes Québécois viennent de partout dans le monde. Ces jeunes voyagent comme jamais la génération de mes parents n’a voyagé. Ils comprennent bien que les débats qui influenceront leur vie et celle de leurs enfants se feront beaucoup sur la scène internationale. Y a-t-il une personne préoccupée d’environnement qui pense que ce débat va se faire uniquement entre libéraux et péquistes à l’Assemblée nationale? Que c’est là qu’on va faire le débat sur la paix et la sécurité dans le monde? La jeune génération qui pousse aura vu son adolescence marquée par les images des attentats du 11 septembre et de la guerre en Irak, du conflit en Afghanistan et au Proche-Orient. Les jeunes comprennent bien que ce ne sont plus seulement des repères québécois qui peuvent les aider à réfléchir à l’intérêt public et au bien commun. Qu’il faut poser la question de la qualité du dialogue entre les nations. La génération de mon père s’est battue pour prendre sa place au sein du Canada. On pourrait admettre qu’elle a relativement…
… réussi?
— Le Québec, ce n’est pas le goulag, tout de même! À certains égards, cette génération a réussi, et très bien réussi sur le plan économique, sur le plan de l’établissement d’institutions publiques modernes. La prochaine étape, c’est de se battre pour prendre une place dans le monde.
La génération des fondateurs du mouvement n’y croit plus…
— Quand je suis arrivé en politique, on a demandé à Jacques Parizeau: «Où sont les jeunes?» J’étais assis à côté de lui! Ceux qui font défaut, ce sont souvent les aînés, qui ont été aux premières loges du mouvement souverainiste, qui ont mis le PQ sur pied, qui ont travaillé au référendum de 1980, qui ont pleuré au Centre Paul-Sauvé en écoutant René Lévesque leur dire: «À la prochaine…», et qui aujourd’hui se disent: «On ne réussira jamais!» Imaginez la catastrophe s’il fallait que cette génération emporte l’espoir d’un peuple dans sa tombe! Je les invite à en discuter avec leurs enfants et leurs petits-enfants.
Quel prix êtes-vous prêt à payer pour que les Québécois vous aiment et fassent confiance à votre gouvernement?
— Je ne cherche pas à ce que tout le monde me suive et m’aime, je ne crois pas à une société de consensus. Je crois à une société de débats. Je ne demande pas à être celui qui, un jour, sera suivi béatement comme à une autre époque on écoutait les curés en chaire! Je ne rêve pas de ce genre de société.
Vous ne prétendez pas être un messie…
— Non, je n’en suis pas un, les Québécois le savent bien. Rire entendu… Je souhaite mobiliser autour de moi une équipe de gens compétents et talentueux, dans lesquels les Québécois se reconnaîtront. C’est là mon premier test de leadership: faire en sorte que le PQ soit clair dans ses intentions, qu’il inspire la confiance, et aussi que les Québécois aient davantage confiance dans leurs propres moyens. Notre pire adversaire, au Parti québécois, n’est pas Jean Charest ni Stephen Harper. C’est le manque de confiance. Je suis prêt à n’importe quel sacrifice pour que les Québécois aient davantage confiance dans leurs moyens et qu’ils soient fiers de leurs succès. Je comprends qu’il est de bon ton de critiquer cette société, de l’inciter à être meilleure. J’aimerais prendre plus de temps pour célébrer nos succès et, en les célébrant, donner le goût aux Québécois d’en avoir d’autres.
Irez-vous défendre votre question référendaire, puis, si elle réunit une majorité de Oui, le résultat de cette consultation populaire devant le Parlement du Canada?
— C’est une question essentiellement politique, qui appartient au peuple du Québec.
Il n’y avait pas de Loi sur la clarté du temps de vos prédécesseurs…
— La souveraineté du Québec est une question de nature politique et le peuple du Québec est libre de choisir son destin. Mon objectif est de faire en sorte que la transition se passe bien. Ce n’est dans l’intérêt ni des Québécois ni des Canadiens qu’il y ait des tensions au lendemain d’un référendum gagné. De nouvelles coalitions apparaîtront. Des libéraux devront décider si, oui ou non, ils reconnaissent ce vote et sa portée. Une motion — je me suis battu pour ça pendant la course au leadership — sera adoptée à l’Assemblée nationale pour reconnaître le résultat référendaire. J’ai bon espoir que de nombreux adversaires, au lendemain d’un référendum sur la souveraineté, seront avec nous. Il appartiendra alors aux Canadiens de décider de quelle façon ils se comporteront à notre égard.
Édition du 15 octobre 2006
par Carole Beaulieu et Michel Vastel
L'avenir du Parti québécois est entre ses mains. Le pouvoir, au bout du chemin. Le pays du Québec? Dans quelques années, si on en croit André Boisclair. Pour y arriver, il entend «coaliser» tous les souverainistes. Son seul adversaire, dit-il, est la peur. Celle des Québécois.
«Boubou» (Robert Bourassa), «Ti-Poil» (René Lévesque), «Monsieur» (Jacques Parizeau)… Les Québécois aiment donner un surnom familier à leurs chefs. André Boisclair n’en a pas. Pas encore. Il ne croit pas que cela dénote un déficit d’affection. «André» lui suffit.
Son père, officier de la Marine, avait fondé ses convictions souverainistes sur la frustration vis-à-vis des Anglais. Lui a grandi avec la loi 101, après que la Révolution tranquille fut achevée, que les «trois colombes» furent passées par Ottawa. À 40 ans, André Boisclair est rendu ailleurs. Les Jésuites du collège Brébeuf et les penseurs de la John F. Kennedy School of Government ont fait de lui un citoyen du monde.
Recruté par Jacques Parizeau — qui le conseille toujours —, nommé ministre au lendemain d’un deuxième référendum perdu, il connaît bien le Parti québécois et «ne le craint pas». D’ailleurs, il en est devenu le chef dès le premier tour de scrutin, après une campagne dure où tous ses péchés de jeunesse furent étalés par ses sept adversaires.
André Boisclair ne craint rien que la peur des autres, «cette peur des Québécois, cette insécurité, ce manque de confiance des gens qui pensent encore que nous ferions mieux d’investir dans un débat sur les relations fédérales-provinciales plutôt que dans notre pleine responsabilité».
Pendant 90 minutes, le nouveau député de Pointe-aux-Trembles a répondu à toutes les questions de L’actualité avec une assurance et une franchise désarmantes. Le chef du PQ se livre facilement, au point d’en être parfois vulnérable. Il peut être blessé aussi…
Il s’est soudain raidi lorsque nous avons abordé la question de son orientation sexuelle. Mais il a aussi grandi avec la Charte des droits et libertés: «Je suis, à ma façon, par mon engagement politique, un artisan de cette liberté. Je l’exerce, en tout cas, cette liberté, et j’ai confiance dans le jugement du peuple québécois.» L’actualité l’a rencontré à son bureau de chef de l’opposition, à Montréal.
Êtes-vous prêt?
— Rire Le défi est toujours de se mettre en situation bien avant que les événements se produisent. Je suis en train de réfléchir à ce que je ferai, à la façon dont je me comporterai, aux valeurs qui m’animeront, aux équipes avec lesquelles je travaillerai, ainsi qu’aux premiers gestes, aux premières déclarations, aux symboles. Je passe beaucoup de temps, seul, à réfléchir à ces questions.
Vous pensez donc à ce soir d’élection où, soudain, vous serez premier ministre?
— Bien sûr que j’y pense! Je pense à la responsabilité, à mon devoir, et aussi à l’immense privilège qui me sera alors accordé. D’ailleurs, j’y pense tellement que je me contrains aujourd’hui dans ce que je fais ou ne fais pas. Jean Charest a creusé sa tombe lorsqu’il était dans l’opposition. Il a fédéré tous les insatisfaits. Il a dit oui à tous et signé de sa main des engagements pour les séduire. Le lendemain des élections, il les a laissés tomber. Moi, je préfère subir une certaine critique alors que je suis chef de l’opposition, parce que je tiens à protéger ma crédibilité pour le jour où je serai premier ministre. Je préserve entièrement ma marge de manœuvre. Si je fais tellement attention, c’est que je sais que la plus grande marque distinctive du PQ est d’avoir respecté ses engagements électoraux.
Chercherez-vous l’appui des membres de Québec solidaire et de l’Action démocratique?
— Au lendemain du jour où je serai élu premier ministre, tous les souverainistes seront les bienvenus à ma table. Et je fais tout ce qui doit être fait afin de pouvoir les coaliser. Pour la veille du débat référendaire, je pense à une coalition politique, certes, mais également à une coalition de tous ceux qui participent à l’État québécois, ce qui inclut les gens des milieux municipaux et aussi des milieux régionaux.
«Coalition» de gens bienvenus à votre «table»?
— On va commencer par un bon souper!
Soyons sérieux… S’agit-il de la «table» du Conseil des ministres, d’un gouvernement de «coalition»?
— Je ne commencerai pas à former un conseil des ministres aujourd’hui. Pour mener une campagne référendaire, je suis prêt à parler… Mais en ce moment, je suis avec les 140 000 membres de mon parti, qui ont travaillé fort pour rédiger un programme que j’apprécie. C’est le PQ qui a la crédibilité, la meilleure équipe et la meilleure réputation pour engager au Québec un débat sur l’avenir national…
Êtes-vous certain de convaincre?
— Mon idée n’est pas de faire revivre René Lévesque. Il était plus grand que jamais je ne le serai, il avait des talents qui ne sont pas les miens. Mais je veux dire aux Québécois que l’horloge du temps ne s’est pas arrêtée avec le zonage agricole, la loi 101, la création de la Société de l’assurance automobile du Québec, et qu’il y a encore un avenir aussi intéressant pour le Québec qu’il y en avait un en 1976… Je suis capable de réunir autour d’une même table des gens de compétence égale à celle des gens que Lévesque avait réunis à l’époque. Une génération plus tard, il n’y a rien d’arrogant à dire qu’on va même essayer de faire mieux!
Si, devenu premier ministre, vous apprenez qu’un de vos jeunes ministres consomme de la cocaïne, que faites-vous?
— Je lui offre toute mon aide, comme c’est déjà arrivé avec des ministres de Robert Bourassa qui prenaient de l’alcool et se sont absentés pendant un certain temps de l’Assemblée nationale.
Le Parti québécois d’André Boisclair est-il différent de celui de Landry, de Parizeau ou de Lévesque?
— C’est un parti où, grâce en particulier au travail de Jacques Parizeau, il y a de la cohérence sur le plan idéologique. C’est Parizeau qui a réglé tous les débats en disant: «On est souverainistes avant, pendant et après la campagne électorale.» Il a ajouté un chapitre important à la doctrine du PQ. Bernard Landry a rajouté le sien en disant: «Peu importe comment on appelle le type d’association qu’on souhaite avec le reste du Canada, on tient à assurer la libre circulation des biens, des capitaux et des personnes.» Ce sont des éléments importants de la doctrine du Parti québécois, qui font aujourd’hui consensus. Le PQ est aussi un parti capable de parler de social-démocratie en termes nouveaux. Nous sommes des sociaux-démocrates qui ne craignent pas le privé. Nous nous intéressons autant à la gestion du développement qu’à la gestion du dénuement. Nous sommes résolument libres-échangistes, mais aussi clairement humanistes. Sur le fond, on peut affirmer sans crainte que les bonnes politiques publiques font appel aux compétences de l’État, des secteurs communautaires et de l’économie sociale, et du secteur privé. L’espace commun entre l’économie sociale, le public et le privé est appelé à grandir avec le temps.
Il faut donc favoriser davantage la coopération des trois secteurs?
— Je ne vois pas l’appareil de l’État comme un adversaire. Je le vois au contraire comme un allié du développement économique. L’État a encore un rôle déterminant à jouer, car le «nous» collectif peut faire la différence. En matière d’éducation et de capital humain, tout comme pour la protection de l’environnement ou la protection et le développement de la culture, il n’y a pas de compromis à faire quant au rôle que l’État doit jouer…
Y a-t-il des choses que Jean Charest aura réalisées et que vous voudrez défaire?
— Je vais solliciter un mandat pour remplir des engagements politiques que j’aurai pris devant la population, de façon formelle. Le défi n’est pas de m’employer à corriger tout ce que les libéraux auront fait de mal: j’en aurais pour tout un mandat! Je crois en la continuité de l’État. Des correctifs devront être apportés, entre autres aux politiques budgétaires du gouvernement libéral. Quelques priorités, parmi celles que je rendrai publiques au moment de la campagne électorale, pourraient nous amener à revoir, çà et là, un certain nombre de choses. Le mont Orford est un bon exemple: je suis contre ce projet, jamais je n’aurais envisagé la privatisation d’un parc national. Mais je ne sais pas quand les élections auront lieu… Si des condos sont construits et que des gens les ont achetés, je n’irai pas passer le «bull» là-dedans et mettre des centaines de millions de dollars pour exproprier. On verra où on en sera au moment des élections. Je sais que, dans l’opposition, il faut apprendre à gérer le temps.
Les garderies à sept dollars, c’est aussi irréversible?
— Je ne pense pas qu’il y aura d’engagement du PQ à revenir en arrière. Le débat a porté sur le gel du tarif plutôt que sur le service offert aux parents et l’importance de ce service-là pour toute la population québécoise. Ce n’est pas là-dessus que portera le débat. Et je ne pense pas que ce soit une bonne politique de dire qu’on va geler un tarif à jamais…
Êtes-vous prêt à promettre un «bon gouvernement»?
— La jeune génération est ailleurs! Le débat sur le «bon gouvernement» ne nous intéresse pas. Il est clair que si les gens votent pour le Parti québécois, ils s’attendront à ce qu’il y ait un référendum sur la souveraineté. Et les gens ont déjà vu le PQ au pouvoir: un parti social-démocrate qui a bien gouverné et qui a laissé des réformes qui font encore école aujourd’hui. Les gens ne se posent plus la question: «Est-ce que les péquistes seront un bon gouvernement? Est-ce qu’ils vont parler de la souveraineté?» Mais si on veut être un bon gouvernement, il nous faut la souveraineté. J’ai vu gouverner au lendemain d’un référendum, j’ai été ministre et j’ai vu la situation dans laquelle le Québec s’est retrouvé.
Ce sera votre lot pendant un an ou deux, alors que vous dirigerez un gouvernement «provincial»…
— Le gouvernement que je dirigerai ne pratiquera pas la politique de la chaise vide. Jacques Parizeau avait cette belle formule: on est capables de marcher et de mâcher de la gomme en même temps.
Sauf qu’il voulait passer à l’étape référendaire «le plus tôt possible», «dans l’année»…
— Il a même dit «dans les 100 jours»! C’est sûr que les ministères de la Santé ou de l’Éducation continueront de fournir des services à la population, que les gens continueront de recevoir des chèques d’aide sociale. L’État sera bien administré. Mais peut-on exiger, pour une fois, que nos élus soient autre chose que de bons administrateurs? Le défi est d’être aussi de bons leaders, de ne pas avoir peur de prendre à bras-le-corps des questions difficiles.
Quelles questions?
— Un des défis qui se poseront à moi, au lendemain des élections, sera de me demander comment cela pourra devenir clair, dans l’esprit de tous, que la souveraineté que nous souhaitons n’est pas seulement celle du gouvernement du Québec, mais celle de l’État du Québec. Le défi ne sera pas de remplacer des feuilles d’érable par des fleurs de lys sur les chèques. Le défi n’est pas nécessairement de réfléchir au type de partenariat qu’on voudrait avec le reste du Canada. Cela m’apparaît assez clair… Peut-être qu’on devrait plutôt réfléchir à une entente avec nous-mêmes, entre Québécois, et notamment avec le monde municipal. Comment pourra-t-on organiser un État québécois et quelles sont les compétences qui devraient être dévolues aux régions et aux municipalités? On pourrait même penser à faire quelque chose avec le monde municipal avant le référendum…
Le débat ne risque-t-il pas aussi d’être un débat entre les générations?
— Les références culturelles des jeunes Québécois viennent de partout dans le monde. Ces jeunes voyagent comme jamais la génération de mes parents n’a voyagé. Ils comprennent bien que les débats qui influenceront leur vie et celle de leurs enfants se feront beaucoup sur la scène internationale. Y a-t-il une personne préoccupée d’environnement qui pense que ce débat va se faire uniquement entre libéraux et péquistes à l’Assemblée nationale? Que c’est là qu’on va faire le débat sur la paix et la sécurité dans le monde? La jeune génération qui pousse aura vu son adolescence marquée par les images des attentats du 11 septembre et de la guerre en Irak, du conflit en Afghanistan et au Proche-Orient. Les jeunes comprennent bien que ce ne sont plus seulement des repères québécois qui peuvent les aider à réfléchir à l’intérêt public et au bien commun. Qu’il faut poser la question de la qualité du dialogue entre les nations. La génération de mon père s’est battue pour prendre sa place au sein du Canada. On pourrait admettre qu’elle a relativement…
… réussi?
— Le Québec, ce n’est pas le goulag, tout de même! À certains égards, cette génération a réussi, et très bien réussi sur le plan économique, sur le plan de l’établissement d’institutions publiques modernes. La prochaine étape, c’est de se battre pour prendre une place dans le monde.
La génération des fondateurs du mouvement n’y croit plus…
— Quand je suis arrivé en politique, on a demandé à Jacques Parizeau: «Où sont les jeunes?» J’étais assis à côté de lui! Ceux qui font défaut, ce sont souvent les aînés, qui ont été aux premières loges du mouvement souverainiste, qui ont mis le PQ sur pied, qui ont travaillé au référendum de 1980, qui ont pleuré au Centre Paul-Sauvé en écoutant René Lévesque leur dire: «À la prochaine…», et qui aujourd’hui se disent: «On ne réussira jamais!» Imaginez la catastrophe s’il fallait que cette génération emporte l’espoir d’un peuple dans sa tombe! Je les invite à en discuter avec leurs enfants et leurs petits-enfants.
Quel prix êtes-vous prêt à payer pour que les Québécois vous aiment et fassent confiance à votre gouvernement?
— Je ne cherche pas à ce que tout le monde me suive et m’aime, je ne crois pas à une société de consensus. Je crois à une société de débats. Je ne demande pas à être celui qui, un jour, sera suivi béatement comme à une autre époque on écoutait les curés en chaire! Je ne rêve pas de ce genre de société.
Vous ne prétendez pas être un messie…
— Non, je n’en suis pas un, les Québécois le savent bien. Rire entendu… Je souhaite mobiliser autour de moi une équipe de gens compétents et talentueux, dans lesquels les Québécois se reconnaîtront. C’est là mon premier test de leadership: faire en sorte que le PQ soit clair dans ses intentions, qu’il inspire la confiance, et aussi que les Québécois aient davantage confiance dans leurs propres moyens. Notre pire adversaire, au Parti québécois, n’est pas Jean Charest ni Stephen Harper. C’est le manque de confiance. Je suis prêt à n’importe quel sacrifice pour que les Québécois aient davantage confiance dans leurs moyens et qu’ils soient fiers de leurs succès. Je comprends qu’il est de bon ton de critiquer cette société, de l’inciter à être meilleure. J’aimerais prendre plus de temps pour célébrer nos succès et, en les célébrant, donner le goût aux Québécois d’en avoir d’autres.
Irez-vous défendre votre question référendaire, puis, si elle réunit une majorité de Oui, le résultat de cette consultation populaire devant le Parlement du Canada?
— C’est une question essentiellement politique, qui appartient au peuple du Québec.
Il n’y avait pas de Loi sur la clarté du temps de vos prédécesseurs…
— La souveraineté du Québec est une question de nature politique et le peuple du Québec est libre de choisir son destin. Mon objectif est de faire en sorte que la transition se passe bien. Ce n’est dans l’intérêt ni des Québécois ni des Canadiens qu’il y ait des tensions au lendemain d’un référendum gagné. De nouvelles coalitions apparaîtront. Des libéraux devront décider si, oui ou non, ils reconnaissent ce vote et sa portée. Une motion — je me suis battu pour ça pendant la course au leadership — sera adoptée à l’Assemblée nationale pour reconnaître le résultat référendaire. J’ai bon espoir que de nombreux adversaires, au lendemain d’un référendum sur la souveraineté, seront avec nous. Il appartiendra alors aux Canadiens de décider de quelle façon ils se comporteront à notre égard.
Souveraineté - Duceppe met le programme péquiste entre parenthèses
PC
Édition du mardi 17 octobre 2006
Québec -- Après André Boisclair, c'est au tour de Gilles Duceppe de tourner le dos au programme du Parti québécois, en ne jugeant pas pertinent de respecter les engagements du parti relatifs à la souveraineté d'ici à la prochaine élection.
Comme le chef péquiste André Boisclair l’avait fait avant lui, le chef bloquiste Gilles Duceppe a enterré le programme péquiste qui traçait la marche à suivre jusqu’au prochain référendum.
...
S'il n'en tient qu'au chef du Bloc québécois, la population du Québec devra donc attendre le déclenchement en bonne et due forme d'une éventuelle campagne référendaire avant d'en savoir davantage sur la démarche privilégiée par un gouvernement du Parti québécois.
C'est lors du référendum sur la souveraineté «que ça va se jouer» et non avant ou pendant la prochaine campagne électorale au Québec, a-t-il fait valoir, hier, en conférence de presse.
«On va le faire au référendum, c'est là que ça se fait», a-t-il répété, devant l'insistance des journalistes qui cherchaient à savoir s'il partageait les vues du chef du Parti québécois, André Boisclair, qui a pris ses distances récemment par rapport à la démarche d'accès à la souveraineté inscrite en toutes lettres dans le programme du parti.
«On en débattra plus à fond le moment venu», a-t-il ajouté, estimant que le chef du PQ n'avait pas à dévoiler sa stratégie dès maintenant.
Pourtant, en juin 2005, le Parti québécois a pris une série d'engagements précis -- dont la mise à jour des études sur la souveraineté, l'élaboration du cadre financier d'un Québec souverain, de même que la rédaction d'un document de transition et d'un projet de constitution -- à réaliser avant la tenue des prochaines élections générales.
Le 5 octobre, à Rivière-du-Loup, M. Boisclair a réduit ces engagements à des questions de «détails». Entre le 15 novembre 2005, jour de son élection à la tête du parti, et le 5 octobre, il disait appuyer le programme sans réserves.
Hier, c'était au tour de M. Duceppe de faire de même.
«Je n'ai jamais été un partisan de mettre toute la stratégie sur la table», a dit M. Duceppe, qui était de passage à Québec afin d'annoncer la tenue d'un forum sur l'avenir de la capitale québécoise le week-end prochain.
«Si vous mettez le plan de match le samedi sur la table, vous risquez d'en manger une bonne le dimanche», a-t-il ajouté, disant juger ce procédé «assez transparent».
«Il faut faire la distinction entre la réflexion politique et puis la perspective», selon M. Duceppe, dont la formation politique, qui a perdu des plumes lors du dernier scrutin fédéral, tient également son prochain conseil général à Québec, ce week-end.
Depuis le scrutin de janvier dernier, à la suite duquel le Bloc a perdu cinq circonscrïptions dans la grande région de Québec au profit des conservateurs et une en faveur du député indépendant André Arthur, dans Portneuf, M. Duceppe tente de reconquérir le coeur des électeurs de la Vieille capitale.
Au cours des derniers mois, il a multiplié les visites à Québec, une ville pour laquelle il nourrit des «projets ambitieux» et qui a tous les atouts pour devenir un «carrefour international».
Par exemple, il s'est prononcé en faveur d'un train à grande vitesse qui relierait la ville aux grandes agglomérations canadiennes et américaines.
Plusieurs conférenciers participeront au forum du Bloc, ce week-end, dont l'ex-ministre péquiste Louise Beaudoin. Mais ce sera surtout l'occasion pour les bloquistes de peaufiner le plan d'action du parti en vue du prochain scrutin.
PC
Édition du mardi 17 octobre 2006
Québec -- Après André Boisclair, c'est au tour de Gilles Duceppe de tourner le dos au programme du Parti québécois, en ne jugeant pas pertinent de respecter les engagements du parti relatifs à la souveraineté d'ici à la prochaine élection.
Comme le chef péquiste André Boisclair l’avait fait avant lui, le chef bloquiste Gilles Duceppe a enterré le programme péquiste qui traçait la marche à suivre jusqu’au prochain référendum.
...
S'il n'en tient qu'au chef du Bloc québécois, la population du Québec devra donc attendre le déclenchement en bonne et due forme d'une éventuelle campagne référendaire avant d'en savoir davantage sur la démarche privilégiée par un gouvernement du Parti québécois.
C'est lors du référendum sur la souveraineté «que ça va se jouer» et non avant ou pendant la prochaine campagne électorale au Québec, a-t-il fait valoir, hier, en conférence de presse.
«On va le faire au référendum, c'est là que ça se fait», a-t-il répété, devant l'insistance des journalistes qui cherchaient à savoir s'il partageait les vues du chef du Parti québécois, André Boisclair, qui a pris ses distances récemment par rapport à la démarche d'accès à la souveraineté inscrite en toutes lettres dans le programme du parti.
«On en débattra plus à fond le moment venu», a-t-il ajouté, estimant que le chef du PQ n'avait pas à dévoiler sa stratégie dès maintenant.
Pourtant, en juin 2005, le Parti québécois a pris une série d'engagements précis -- dont la mise à jour des études sur la souveraineté, l'élaboration du cadre financier d'un Québec souverain, de même que la rédaction d'un document de transition et d'un projet de constitution -- à réaliser avant la tenue des prochaines élections générales.
Le 5 octobre, à Rivière-du-Loup, M. Boisclair a réduit ces engagements à des questions de «détails». Entre le 15 novembre 2005, jour de son élection à la tête du parti, et le 5 octobre, il disait appuyer le programme sans réserves.
Hier, c'était au tour de M. Duceppe de faire de même.
«Je n'ai jamais été un partisan de mettre toute la stratégie sur la table», a dit M. Duceppe, qui était de passage à Québec afin d'annoncer la tenue d'un forum sur l'avenir de la capitale québécoise le week-end prochain.
«Si vous mettez le plan de match le samedi sur la table, vous risquez d'en manger une bonne le dimanche», a-t-il ajouté, disant juger ce procédé «assez transparent».
«Il faut faire la distinction entre la réflexion politique et puis la perspective», selon M. Duceppe, dont la formation politique, qui a perdu des plumes lors du dernier scrutin fédéral, tient également son prochain conseil général à Québec, ce week-end.
Depuis le scrutin de janvier dernier, à la suite duquel le Bloc a perdu cinq circonscrïptions dans la grande région de Québec au profit des conservateurs et une en faveur du député indépendant André Arthur, dans Portneuf, M. Duceppe tente de reconquérir le coeur des électeurs de la Vieille capitale.
Au cours des derniers mois, il a multiplié les visites à Québec, une ville pour laquelle il nourrit des «projets ambitieux» et qui a tous les atouts pour devenir un «carrefour international».
Par exemple, il s'est prononcé en faveur d'un train à grande vitesse qui relierait la ville aux grandes agglomérations canadiennes et américaines.
Plusieurs conférenciers participeront au forum du Bloc, ce week-end, dont l'ex-ministre péquiste Louise Beaudoin. Mais ce sera surtout l'occasion pour les bloquistes de peaufiner le plan d'action du parti en vue du prochain scrutin.
Un an après avoir soutenu la candidature d'André Boisclair à la direction du Parti québécois - Luck Mervil tourne le dos au PQ
Le chanteur épouse désormais la cause de Québec solidaire
Clairandrée Cauchy
Édition du samedi 21 et du dimanche 22 octobre 2006
Déçu des propos d'André Boisclair sur la souveraineté et ébranlé par la démission de Dominique Ollivier, qui a critiqué le manque de représentativité ethnoculturelle au PQ, le chanteur Luck Mervil appuiera demain la candidature de Françoise David, de Québec solidaire, dans la circonscrïption de Gouin.
Le chanteur épouse désormais la cause de Québec solidaire
Clairandrée Cauchy
Édition du samedi 21 et du dimanche 22 octobre 2006
Déçu des propos d'André Boisclair sur la souveraineté et ébranlé par la démission de Dominique Ollivier, qui a critiqué le manque de représentativité ethnoculturelle au PQ, le chanteur Luck Mervil appuiera demain la candidature de Françoise David, de Québec solidaire, dans la circonscrïption de Gouin.
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