ploloto a écrit : Il est au même niveau que les cadres. Vous mélangez n'importe quoi avec n'importe qui. Il n'est pas syndiqué, n'a pas de sécurité d'emploi, de congés payés, de services gratuits, n'a pas droit à l'assurance chomage, ne donne pas aux régimes des rentes, etc. Il n'a rien à gagner à être solidaire et tout à perdre. Le lockout et la grève éventuelle, ca ne concerne que les syndiqués, pas ceux qui ne le sont pas, c'est quoi cette drôle de mentalité qu'il devrait être solidaire, j'ai l'impression d'entendre mon frère quand il veut partir une astination avec moi.
Il faut être avoir été travailleur autonome avec aucun filet en-dessous pour comprendre la précarité d'un tel emploi.
Dans la compagnie ou je travaille, j'ai un paquet d'avantages sociaux même si on n'est pas syndiqué. Le sous-traitant qui fait la même job que moi, advenant un lockout, pourquoi serait-il solidaire de ma job full avantages, lui qui est toujours sur un fil insécure, sans-congé de maladie, sans vacance, etc.
Exact ! Mon conjoint est cadre et il a travaillé pour Vidéotron ( 8 ans) et aussi pour Bell ( 5 ans). Et durant ces années, il a vécu quelques grèves et il en garde de très mauvais souvenirs.
Les syndiqués semblent oublier que les cadres ne le sont pas... et qu'ils se font très clairement dire par les hauts dirigeants que s'ils ne viennent pas travailler, ils peuvent se chercher un autre emploi. Et ils savent que ce sera très difficile de se trouver un emploi ailleurs, car le milieu des affaires ici, est très petit... et ce n'est pas très bien vu par les employeurs. Ces gens là ont eux aussi des familles et des responsabilités financières... et y'a aucun syndicat qui viendra défendre leur cause. Pendant les grèves, chez Vidéotron, les cadres devaient aller installer le câble dans les maisons, faire le service à la clientèle, etc. Ils n'avaient pas le choix. Et lorsqu'ils passaient les lignes pour aller au boulot, ils se faisaient traiter de tous les noms, ils se faisaient bousculer, ils se faisaient intimider et menacer... Même qu'un collègue de mon chum, s'est fait battre avec des pancartes ( le bout en bois, le 2X4) par une gang de syndiqués. En plus des blessures physiques, il a eu un sévère choc nerveux. L'homme n'avait pourtant rien fait de mal, il voulait simplement conserver son emploi parce qu'il avait une famille à faire vivre, une maison à payer...
Chez Bell, quand ils savaient qu'une grève se préparait, les cadres devaient tous remplir un bilan de compétences. Selon les compétences de chacun, leur background... un VP finance, pouvait se retrouver à grimper dans les poteaux à -20. Encore une fois, ils n'avaient pas le choix... c'était ça où la porte. Le message était bien clair. Le climat était infernal dans cette entreprise... même quand les grèves se terminaient. Là-bas, tous les employés ont des tags, et sur les tags des cadres, y'a une barre bleue. C'était au point, où dans l'ascenseur, dans le fumoir... les syndiqués refusaient d'adresser la parole aux cadres et les regardaient avec mépris. Mon chum cachait souvent son tag...
Bref, il y a toujours deux côtés à une médaille... et malheureusement, y'a trop de syndiqués qui prennent en considération qu'un seul côté des choses.
Contrairement à Martineau, les cadres ont des avantages sociaux et tout, mais ils ont la même précarité d'emploi. Tu déroges aux règles, à l'étique (et pour un cadre, faire la grève par solidarité est un grave manquement à l'étique)... tu te fais mettre dehors et c'est pas long. Moi, je le comprends parfaitement Martineau de penser à sauver ses fesses, car s'il se retrouve sans emploi demain... y'aura personne pour sauver sa peau. Il sera seul dans son bâteau.