Ô eau
Richard Martineau
05/09/2009 06h29
On n'entendra donc pas Guy Laliberté réciter du Claude Péloquin dans l'espace. Le directeur du Cirque du Soleil a laissé tomber son vieil ami pour Yann Martel.
«Le projet est devenu de plus en plus un événement international et pour des raisons artistiques, j'ai pris la décision de travailler avec un autre auteur», a expliqué Buzz Lightyear en conférence de presse.
Entendez: «Quand mon ego trip a commencé à intéresser des grosses pointures comme Bono, j'ai lâché Ti-Claude, que personne ne connaît, pour m'associer au gagnant du Booker Prize»...
Perdu dans l'espace
Je ne sais pas pour vous, mais ce changement de poète officiel me chagrine.
Car le poème de Péloquin que Rocket Man devait lire dans l'espace afin de «sensibiliser la population mondiale au problème de l'eau» (je vous mets au défi de dire ça sans vous pisser dessus) promettait d'être savoureux. La première strophe était: «J'ai entendu l'eau crier».
Comment pouvez-vous rater votre coup avec un début pareil? Même les p'tits Africains qui meurent de faim auraient versé une larme en entendant Major Tom réciter son poème en compagnie de ses amis du jet-set.
J'étais tellement déçu quand j'ai appris que Guy Laliberté lâchait l'auteur de Lindberg pour celui d'Histoire de Pi que j'ai pris la plume pour continuer l'oeuvre de Pélo.
Vous allez voir, c'est pas mal. De quoi vous enlever l'envie de prendre une douche pour le reste de vos jours...
«Ô eau. Ô eau.
J'entends l'eau crier dans le ruisseau.
J'entends l'eau hurler dans le lavabo.
J'entends l'eau pleurer dans mon auto.
Vous êtes pas tannés d'arroser votre gazon quand il pleut, bande de caves?»
Imaginez Guy Laliberté réciter ça la tête en bas. Même les déserts feraient la vague...
Une franche poignée de main
Sérieusement...
Une source proche de Guy Laliberté a dit à ma douce moitié que le directeur du Cirque du Soleil a pris ses distances avec Claude Péloquin, car il n'a pas apprécié que l'écrivain refuse de lui céder les droits de son poème ad vitam æternam et lui demande de sceller leur collaboration par écrit.
Paraît que monsieur Laliberté n'aime pas ça. Il est un artiste, voyez-vous, pas un businessman, et il préfère que les choses se règlent par une poignée de main plutôt que par un contrat en bonne et due forme.
Alors, Buzz Lightyear a tiré la plogue et s'est tourné vers un auteur plus connu et plus accommodant.
Demander à un artiste de céder les droits de son poème jusqu'à la fin des temps la semaine même où l'affaire Robinson a dévoilé à quel point les droits des artistes ne sont pas protégés, avouez-le, ça prend un sacré culot.
En passant, une question: quand Guy Laliberté brasse des millions avec la Chine ou la Russie, se contente-t-il d'une simple poignée de main ou tient-il à coucher les détails de l'affaire dans un contrat?
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