Vingt ans après Meech
Lucien Bouchard, encore souverainiste
Agence QMI
20/06/2010 04h00
MONTRÉAL - Lucien Bouchard soutient qu’il est encore souverainiste, mais constate que le climat au Québec est «mou» à l’égard de cette option.
C’est ce qu’il a affirmé lors d’une entrevue exclusive accordée à Paul Larocque et à Jean Lapierre à TVA pour souligner les 20 ans de l’échec de l’Accord du lac Meech, et qui sera présentée lundi soir.
Interrogé à savoir s’il est toujours souverainiste, le fondateur du Bloc québécois et ancien chef du PQ a dit ce qui suit: «Pourquoi j’ai été souverainiste et pourquoi je serais encore souverainiste si on pouvait faire la souveraineté, c’est pour que les Québécois soient contraints d’assumer leur responsabilité.»
Mais il considère que le climat actuel n’est pas propice à cette solution. «Là, je trouve que c’est mou », a-t-il affirmé.
L’ex-premier ministre ne croit donc pas l’indépendance réalisable bientôt. «La souveraineté est pour le moment en panne. Quand le chef souverainiste ne s’engage pas à faire de référendum, ça veut dire que la souveraineté n’est pas en train d’avancer», a-t-il dit dans l’entrevue. M. Bouchard constate que le fédéralisme est «dans une impasse» et il considère que l’application au Québec de la présente constitution canadienne, jamais ratifiée par la province, est inacceptable. «On nous impose une constitution», a-t-il souligné.
Il déplore que le Canada anglais considère la question du Québec comme étant réglée. «Le danger, c’est que nous aussi au Québec, on pense que c’est réglé», a-t-il ajouté.
Tristesse
C’est «avec beaucoup de tristesse» que Lucien Bouchard se remémore l’échec de la ratification de l’Accord du lac Meech.
«On était à un cheveu de réussir quelque chose de très, très important pour l’avenir du Québec et du Canada», dit-il.
Il attribue la mort de l’accord aux libéraux fédéraux, et plus particulièrement à Pierre Elliott Trudeau, ainsi qu’aux dirigeants du Nouveau-Brunswick, de Terre-Neuve et du Manitoba.
À propos de son départ du caucus conservateur et de la fin de son amitié avec Brian Mulroney, il explique cela s’est produit dans «un mouvement de profonde indignation; je dirais incontrôlable. Je ne pouvais pas rester».
Ce départ et la création du Bloc québécois, M. Bouchard ne les regrette pas. «C’est la chose dont je suis le plus fier. C’est les grands moments de ma vie», a-t-il affirmé en soulignant que toutes ces décisions ont été prises rapidement, sans stratégie établie.
Il mentionne que le premier ministre du Québec à l’époque, le fédéraliste Robert Bourassa, l’a aidé lorsqu’il a quitté les conservateurs, avant de former le Bloc québécois. Il mentionne que c’est Jean-Claude Rivest, un proche de M. Bourassa, qui l’a contacté pour lui dire que des sondages internes démontraient qu’il réussirait facilement à faire élire un candidat dans la circonscription fédérale vacante de Laurier—Sainte-Marie à Montréal.
Lucien Bouchard a suivi le conseil et quelque temps plus tard, Gilles Duceppe devenait le premier élu du Bloc en remportant ce comté, qu’il détient toujours aujourd’hui. Mais 20 ans après Meech, l’ex-premier ministre a un message pour les jeunes qui n’ont pas connu cette époque: «Il va falloir que quelqu’un recommence tout ça une bonne journée, parce que ça ne peut pas durer comme ça.»
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