Publié le 08 octobre 2010 à 17h36 | Mis à jour à 17h45
L'État devrait acheter les Nordiques, affirme Léo-Paul Lauzon
Pierre Pelchat
Le Soleil
(Québec) Le professeur Léo-Paul Lauzon, bien connu pour être le pourfendeur des banques et des pétrolières, est d'accord pour que le nouveau colisée soit construit avec des fonds publics. Il va même plus loin. Les gouvernements devraient aussi être actionnaires de l'équipe de hockey que l'on souhaite ramener à Québec.
«C'est ce qu'il y a de plus payant. La partie rentable, c'est le club de hockey, pas l'amphithéâtre. On l'a très bien vu lorsque Georges Gillet a vendu le Canadien et le Centre Bell. Il a fait un gain de capital très important. Le gouvernement ne lui avait fait qu'un prêt lorsqu'il y a acheté le club et n'a pas fait de gain de capital. On s'est fait avoir», a-t-il commenté, jeudi, au cours d'un entretien téléphonique avec Le Soleil.
Il croit que le gouvernement du Québec pourrait intervenir par l'entremise de la Caisse de dépôt et placement, qui détient environ 45 % du capital-actions de Quebecor Media, filiale de groupe Quebecor présidé par Pierre Karl Péladeau. Cette formule viendrait répondre aux attentes du gouvernement Harper, qui demande une implication du privé.
«La Caisse pourrait augmenter sa mise dans Quebecor Média et forcer Pierre Karl Péladeau à faire la même chose et prendre ces fonds pour construire un nouvel amphithéâtre et acheter un club de hockey. Ça pourrait être une nouvelle entité qui serait propriétaire du nouveau colisée et du club de hockey comme à Montréal», a avancé l'ex-candidat du Nouveau Parti démocratique.
Il est également d'avis que le gouvernement fédéral doit contribuer à la construction d'un nouvel amphithéâtre.
«Pas question que les fonds publics ne servent qu'à construire l'amphithéâtre. Il faut jumeler cela avec le club de hockey. Et il n'y a absolument aucun risque pour la rentabilité d'un club à Québec», a-t-il soutenu.
Le titulaire de la chaire d'études socioéconomiques de l'Université du Québec à Montréal ne craint pas les objections que pourrait formuler Pierre Karl Péladeau pour s'opposer à ce qu'un gouvernement investisse dans un club de hockey.
«En étant propriétaire du club de hockey, Quebecor aurait un impact synergétique majeur avec ses filiales TVA, LCN, le Journal de Québec, le Journal de Montréal et ses entreprises de téléphonie. Il y aurait beaucoup d'avantages pour Quebecor», a-t-il souligné.
Celui qui se présente comme un socialiste ne croit pas que sa position soit contradictoire avec celle contre les inégalités sociales.
Pas contre les profits
«Je suis contre les subventions. Si l'implication du gouvernement permet d'augmenter l'enrichissement collectif, je suis d'accord. Au Brésil, Lula a nationalisé Embraer et Vale pour ces raisons. Je ne suis pas contre les profits», a dit le professeur en sciences comptables.
Il ne fait pas du retour des Nordiques qu'une seule question d'un rendement sur un investissement pour justifier l'intervention gouvernementale.
«Le gros des retombées du retour des Nordiques serait le plaisir, la solidarité sociale. C'est ça qui nous unit. Le hockey, ça fait partie de nos gènes. On n'a qu'à penser à la popularité des Jean Béliveau, Maurice Richard et Guy Lafleur. Il y avait une saine rivalité entre Montréal et Québec. Les gens étaient enflammés partout au Québec.»
En 1995, la concession des Nordiques a été vendue pour 75 millions $ et déménagée au Colorado. Les actionnaires québécois des Nordiques avaient acquis le club en 1988 après avoir bloqué sa vente à des investisseurs américains par la brasserie O'Keefe pour un montant de 18 millions $.
À l'époque, afin d'éviter la vente des Nordiques, le premier ministre Jacques Parizeau avait proposé sans succès que le gouvernement devienne actionnaire de l'équipe par une mise de fonds publics de 17,5 millions $ et le financement d'une partie de la construction d'un nouveau colisée.
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