Autre cas cette semaine...
Méthodes d'enquête hors du commun pour parvenir à l'accuser
Il fait quatre enfants à sa fille
Première publication 13 juin 2011 à 07h24
Par Marc Pigeon
Journal de Montréal
Une terrible histoire d'inceste dans une famille où le grand-père faisait régner l'Omertà par la peur vient d'éclater au grand jour, en Montérégie : un homme a fait pas moins de quatre enfants à sa propre fille. Et la police a dû avoir recours à des méthodes extraordinaires pour percer le secret, incluant la filature et l'ADN.
Mis au parfum de soupçons, les enquêteurs de la Sûreté du Québec ont tenté de savoir. Mais ils se sont butés à une coriace loi du secret.
Même la DPJ, au fait des mêmes soupçons depuis 2009, n'a rien réussi à faire. Et on a prévenu la police : «Il y a un secret à l'intérieur de cette maison-là, et on ne le saura pas», a résumé le détective Haig Saropian, lors de son récent témoignage devant le tribunal.
C'est en janvier 2011 que des enseignants d'une école primaire que fréquentent deux des quatre enfants ont avisé la police de leurs soupçons.
Ce sont les dires des enfants eux-mêmes qui ont attiré l'attention : il était question de sévices physiques et sexuels. Mais lorsqu'on posait des questions aux enfants, ils se rétractaient, «possiblement par peur de menaces ou de représailles», a dit le policier.
Des doutes à l'école
Certains enfants avaient aussi d'étranges comportements : la plus jeune avait l'habitude de toucher les organes génitaux de ses camarades de classe.
L'un des garçons était incapable de se retenir et faisait régulièrement dans son pantalon à l'école.
Un autre a évoqué avoir surpris sa mère faire une fellation à son grand-père.
Les employés de l'école avaient des doutes sur la réelle identité de leur père, notamment parce que le nom du père ne figurait pas dans les registres scolaires.
De plus, lors de discussions à l'école, les enfants nommaient souvent le nom de l'accusé comme étant leur père, avant de se rétracter.
En collaboration avec la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ), la police a décidé de rencontrer les quatre enfants et leur mère, le 10 février dernier, pour une entrevue filmée.
Filature, ADN et profileur
On en a appris peu, lors de ces entrevues, bien que le langage non verbal en disait long. On a appris que l'accusé se livrait à des voies de fait sur les enfants.
La police a alors mis de l'avant une stratégie d'enquête rarement utilisée en pareilles enquêtes : filature, ADN, biologie.
On a suivi les quatre enfants, leur mère et le suspect, afin de récolter derrière eux gommes à mâcher, verres et contenants d'eau qui contenaient des traces de leur ADN.
C'est en analysant ces items que les autorités en ont eu la preuve irréfutable : les quatre sont les enfants biologiques de leur grand-père.
Fort de ces preuves, la police s'était préparée à l'arrêter et à l'interroger. Un profileur, un psychologue et un enquêteur ont été mis à profit. Mais l'homme n'a pas craqué.
C'est une fois rendu devant le tribunal qu'il a plié l'échine : la preuve était si irréfutable que l'homme dans la soixantaine a reconnu sa culpabilité.
Après le plaidoyer de culpabilité, la police a rencontré de nouveau sa fille, qui se serait alors mise à table.
«C'est sûr qu'[elle] a vécu beaucoup de choses dans son enfance, pour avoir peur à ce point-là de [l'accusé] », a témoigné le détective Saropian.
La Couronne étudie actuellement la possibilité de porter d'autres accusations contre le père de famille.
Violent, l'accusé distribuait des claques derrière la tête des enfants. Et comme il était le soutien financier de la famille, on hésitait à le dénoncer.
La victime de ces abus incestueux (aujourd'hui âgée dans la mi-trentaine), a refusé de dénoncer son père.
«Elle dit qu'elle a trop peur de son père si jamais elle sortait les sévices qu'elle a vécus», a témoigné le détective Saropian.
Elle craignait que même la police ne puisse la protéger.
Les policiers ont aussi compris que l'un des fils faisait taire les autres.
Comme la mère est sans emploi et que c'est l'accusé qui faisait vivre la famille, le garçon craignait de tout perdre : son grand-père et, par le fait même, leur mère ne pourraient plus subvenir aux besoins de la famille.
Par ailleurs, on apprenait aussi au tribunal que l'accusé avait un antécédent criminel des plus violent qui lui a valu une peine de cinq ans de prison.
En 1976, alors qu'il venait de vivre une rupture, il s'est présenté chez son ex-conjointe avec un fusil de chasse.
Quand la police est arrivée, il a pointé son arme au visage du policier et est parvenu à le désarmer.
Le policier a réussi à se défaire de l'emprise de l'accusé, qui lui a tiré dessus avec son fusil. L'agent a fait le mort pour avoir la vie sauve.
L'accusé a tiré des coups de feu vers la femme, qui se trouvait alors avec sa mère et un enfant, avec l'arme du policier. Elle a été atteinte à une épaule et à un poumon.
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