De mon côté, je suis mitigée.
En 2005 j'avais fortement appuyé la grève étudiante. J'avais participé aux manifestations. Je n'avais pas droit aux prêts et bourses et j'étais sur le point de m'engager dans 5 à 8 ans d'études universitaires, dans un domaine qui n'était pas suffisamment ''important'' pour être grassement subventionné.
Aujourd'hui, la hausse des frais de scolarité me fait suer, bien sûr. Je le vois à chaque session et ça me prend à la gorge de payer ces montants. Sauf que depuis deux ans, je suis subventionnée à coups de dizaines de milliers de dollars par le gouvernement fédéral pour mes études. Des bourses que j'ai réussi à obtenir en me fendant le c** en quatre pendant tout mon bacc et encore pendant ma maîtrise.
Je sais que n'eut été de ces bourses, je n'aurais pas continué mes études au-delà de la maîtrise, car rendu à ce niveau, et dans mon domaine, ce n'est pas évident de continuer une formation et de travailler en même temps. Et à 26 ans, je suis comme tout le monde, j'ai envie de vivre, d'acheter des choses pour moi, de ne pas avoir le même budget qu'une étudiante de 18 ans.
Mais est-ce que je crache dans la main qui me nourrit si je m'insurge contre les hausses de frais de scolarité, alors que je me fais grassement payer pour étudier, par un gouvernement qui mise gros sur mes compétences, qui espère qu'un jour j'irai travailler pour lui ? Mais encore là, on parle du fédéral.
Le gouvernement provincial m'a toujours craché dans la main lorsque je la lui ai tendue. Disons que ça ne fait qu'ajouter à mon sentiment de non-souverainisme.
Desjardins a été bien plus généreux, et je me suis résolue à m'endetter pendant mon bacc pour pouvoir manger et payer ma formation, comme la plupart des étudiants. Nos slogans et notre militantisme n'a rien changé. Et d'ailleurs, je suis vraiment désillusionnée de ce mode d'expression. Des grèves par-ci, des grèves par-là ... est-ce que ça donne vraiment quelque chose ? Je suis désolée, mais blasée comme je le suis, je trouve que ça ne donne rien, à part nous priver nous-mêmes d'une formation qu'on paie déjà chèrement. L'Université doit même rire, à empocher notre 2000 $ et à voir qu'on n'assiste même pas aux cours. De l'argent jeté par les fenêtres, alors qu'on s'insurge parce qu'on est pauvres ... Plutôt ironique.
Alors voilà, j'ignore où me positionner, entre mon impuissance actuelle et ma frustration passée.