Mouvement étudiant et campagne: les carrés rouges s'éloignent du PQ
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Samuel Auger
Le Soleil
(Québec) Après avoir appuyé pendant des mois les étudiants et leurs carrés rouges, le Parti québécois voit plusieurs manifestants faire le grand saut politique... chez l'adversaire. Québec solidaire (QS) et Option nationale (ON) enrôlent des militants actifs et bien branchés du conflit étudiant, a constaté Le Soleil.
On l'a vu tout le printemps. À chaque manifestation, à chaque négociation de la dernière chance avec les ministres de l'Éducation. Renaud Poirier St-Pierre se tenait systématiquement derrière le très médiatisé Gabriel Nadeau-Dubois, porte-parole de la Coalition large de l'Association pour une solidarité syndicale étudiante (CLASSE).
Il a terminé son mandat il y a quelques semaines. Après sept ans d'implication au sein du mouvement étudiant, il a joint les rangs - comme bien d'autres dans le milieu - de Québec solidaire. «Le Parti québécois, c'est plus ou moins le Parti libéral du Québec. Le seul parti politique qui incarne vraiment les valeurs politiques qui étaient présentes dans la grève, c'est Québec solidaire», assure-t-il aujourd'hui.
Le Parti québécois a peut-être attiré les caméras en faisant défiler ses députés avec un carré rouge. Mais sur le terrain, entre deux bouffées de gaz lacrymogènes, c'est le parti de gauche qu'il voyait. «Amir Khadir s'est fait arrêter quand même. Il s'est mis avec son vélo entre des manifestants et des lignes de policiers. Il n'est pas allé chercher de capital politique, il le faisait par principe.»
Et l'ancien attaché de presse de l'association la plus militante ne se sent pas seul dans son coin. «Il y a beaucoup de jeunes comme moi. Que ce soit à la CLASSE ou dans les fédérations étudiantes, qui sont chez QS», soutient Renaud Poirier St-Pierre.
Philippe Ethier a siégé au sein de l'exécutif de la CLASSE ce printemps. Aussitôt libéré de son serment - la CLASSE insiste sur la neutralité -, il a embarqué lui aussi dans la caravane des solidaires. «On a beaucoup de bénévoles qui sont des étudiants qui ont milité avec nous durant le printemps. Ça a aidé. Il y a eu une augmentation», affirme-t-il. «C'est le parti qui est le plus proche de ce qu'était le printemps érable.»
Méfiance envers le PQ
Le militant pour la gratuité scolaire, comme bien d'autres interrogés par Le Soleil, parle d'une méfiance envers le Parti québécois. «Porter le carré rouge, c'était une forme d'opportunisme», lance-t-il. «Ils se sont dit : on va réussir à rallier le vote de la jeunesse, à rallier des militants étudiants. Mais quand Pauline Marois a enlevé son carré rouge, bien des étudiants ont dû décider d'aller voir ailleurs.»
Gabrielle Brais Harvey est allée voir ailleurs. Pendant deux ans, elle a été dans les hautes sphères de la Fédération étudiante collégiale du Québec (FECQ). «On ne se le cachera pas, il y a beaucoup d'anciens des fédérations étudiantes qui sont au Parti québécois», reconnaît-elle d'abord.
Depuis, elle a sillonné les rues pour dénoncer la hausse des droits de scolarité. Et la voici aujourd'hui elle aussi dans le camp de Québec solidaire. «J'ai vu Amir [Khadir], Françoise [David], Manon [Massé], le candidat pour lequel je travaille [Alexandre Leduc], je les ai vus tous les soirs, dans toutes les luttes. Dans toutes les actions, ils étaient là», explique Gabrielle Brais Harvey, pour qui le PQ et le PLQ sont du pareil au même une fois au pouvoir. «Même chez les militants plus jeunes au Parti québécois, je sais qu'il y en a qui sont quand même méfiants, si jamais le PQ prenait le pouvoir. Le vote étudiant n'est pas acquis au Parti québécois. Et en ce moment, il l'est moins que jamais. Surtout avec leur flou artistique sur la hausse.»