Crise au PQ
Maka Kotto s’en prend aux « fossoyeurs de la souveraineté »
Taïeb Moalla
06/06/2011 19h37 - Mise à jour 06/06/2011 19h42
QUÉBEC - Le péquiste Maka Kotto a vivement critiqué « le départ très déplorable » de ses trois anciens collègues qu’il qualifie littéralement de « fossoyeurs de la souveraineté ».
« Si on se plante, l’Histoire retiendra qu’aujourd’hui (lundi) aura été le début d’une chute initiée par trois fossoyeurs de la souveraineté », a lancé le député péquiste de Bourget, au cours d’une entrevue téléphonique.
S’attaquant frontalement à Pierre Curzi, à Louise Beaudoin et à Lisette Lapointe, M. Kotto a mentionné qu’il était, contrairement à eux, « un homme d’équipe ».
« Je ne suis pas individualiste. Moi je pratique le sport d’équipe. Je comprends mal des gens qui jouent au golf, alors qu’on joue au hockey, a-t-il ajouté. On travaille de l’intérieur. Pas sur la place publique. »
M. Kotto ne croit pas du tout à la version officielle émise par les députés pour justifier leur départ. « C’est un peu mince, a-t-il noté. Je crois qu’il y a davantage de considérations d’ordre personnel. » Chose certaine, « Mme Marois n’a rien de la chef omnipotente qui a été décrite ce matin (lundi) », signale le député.
Des députés solidaires de leur chef
Réaction assez similaire d’un autre péquiste, Nicolas Marceau, qui s’est dit « déçu » et « triste » du départ de ses ex-collègues. « Mme Marois est une chef facile d’accès. Elle a d’authentiques talents de rassembleuse », a-t-il avancé.
Le départ des trois députés n’est-il pas justement une preuve du contraire? « Non, Mme Marois a reçu un appui de 93 % au congrès d’avril. Ces gens-là (les trois députés) ont développé des frustrations », croit-il.
Aux yeux de M. Marceau, le PQ n’a pas besoin de permettre un vote libre sur le projet de loi 204, texte qui fut la « goutte » d’eau ayant fait déborder le vase des démissionnaires. « La position de la chef est la bonne. Cela dit, je ne sais pas ce qui se passera au caucus de demain (aujourd’hui). Ceux qui étaient plus froids vont peut-être se réchauffer et ceux qui étaient plus chauds vont peut-être se refroidir ».
La fronde
Aucun des péquistes récalcitrants n’a retourné nos appels. Dans La Presse de lundi, le député de Labelle, Sylvain Pagé, s’était dit « contre un projet de loi qui supprime le droit de recours des citoyens ». Notre appel à Jean-Martin Aussant, également opposé au projet de loi, est resté sans réponse.
Vendredi, Bernard Drainville avait assuré le service minimum pour soutenir le projet de loi. Il s’était dit « solidaire de la décision que le parti a prise » sans pour autant montrer beaucoup d’enthousiasme. Le député de Bertrand, Claude Cousineau, a également exprimé des réserves sur le projet de loi.
La demande grandissante d’un vote libre sur le projet de loi risque d’agiter le caucus péquiste, qui débutera exceptionnellement tôt ce mardi matin, à 8 h. Jusqu’à maintenant, la garde rapprochée de Mme Marois a semblé écarter le scénario du vote libre au nom du nécessaire respect de la ligne de parti. Le départ fracassant des trois ténors péquistes pourrait bien changer ces plans, murmure-t-on au PQ.
Au SPQ-Libre, club politique qui n’est plus reconnu au sein du PQ, on a salué « le geste courageux » des trois députés démissionnaires. « En dépit d'apparences contraires, nous croyons que le geste courageux et intègre des députés Lapointe, Beaudoin et Curzi nous rapproche de l'indépendance du Québec », croit le SPQ-Libre.
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